BUENODIA

La Pologne et les pays baltes prévoient de quitter le Traité d'Ottawa, suscitant des craintes pour l'avenir de l'interdiction des mines antipersonnel.

Publié le : 22 mars 2025

Introduction

Dans un contexte marqué par la guerre de trois ans de la Russie en Ukraine, la Pologne et les Pays baltes envisagent de se retirer du Traité d'Ottawa. Cet accord emblématique a permis à 164 pays de détruire leurs arsenaux de mines terrestres et d'interdire leur utilisation future. Cette décision soulève des inquiétudes quant à l'avenir de l'interdiction des mines terrestres.

Le Traité d'Ottawa et ses implications

Signé il y a près de trois décennies, le Traité d'Ottawa a permis la destruction des arsenaux de mines antipersonnel. La Pologne, la Lituanie, la Lettonie et l'Estonie justifient leur retrait par la menace croissante de la Russie et de son allié, la Biélorussie. Les ministres de la Défense de ces pays ont exprimé leur désir de flexibilité militaire face à cette menace.

Bien que la décision finale n'ait pas encore été votée par les parlements respectifs, cette annonce suscite des préoccupations en Europe, au Canada et parmi les défenseurs des droits humains. Ils craignent que ce retrait n'affaiblisse le traité salvateur établi en 1999 et n'entraîne un effet domino sur d'autres accords mondiaux.

Le cas de la Lettonie

La Lettonie a signé le Traité d'Ottawa en 2005, s'engageant à détruire son stock de mines antipersonnel. En abandonnant cet accord, la Lettonie pourrait à nouveau intégrer ces armes dans son arsenal. Comme la Pologne et ses voisins baltes, la Lettonie partage une frontière avec la Russie, ce qui accentue la pression sécuritaire.

Dans leur déclaration conjointe, les ministres de la Défense affirment que quitter le traité donnerait à leurs armées la flexibilité nécessaire pour utiliser des armes comme les APM si besoin. Cette position est renforcée par des décisions militaires récentes des États-Unis, qui ont approuvé l'envoi de mines terrestres en Ukraine.

Réactions et préoccupations

Le Comité international de la Croix-Rouge a exprimé des doutes sur la possibilité de concilier l'engagement à respecter le droit humanitaire international tout en se retirant du traité. L'organisation, qui travaille dans des zones de conflit, considère que cette recommandation constitue un revers majeur pour le Traité d'Ottawa.

Christian Cardon, porte-parole de la Croix-Rouge, a souligné que 80 % des personnes touchées par les APM sont des civils, et la moitié d'entre elles sont des enfants. Cela met en lumière les conséquences à long terme de l'utilisation de ces armes, qui persistent bien après la fin d'un conflit.

La connexion canadienne

Le Traité d'Ottawa est profondément ancré dans l'histoire canadienne, notamment grâce à l'ancien ministre des Affaires étrangères, Lloyd Axworthy. Il a joué un rôle clé dans la création et la promotion de cet accord. Axworthy a exprimé son désarroi face à la possibilité de retrait de la Pologne et des Pays baltes, attribuant en partie cette décision à l'influence des États-Unis.

Il remet également en question l'efficacité militaire des APM, plaidant plutôt pour des alternatives telles que des systèmes d'alerte précoce et des drones. Selon lui, le retrait de ces quatre pays pourrait signaler une tendance plus large à miner l'ordre juridique international.

Conclusion

Le retrait potentiel de la Pologne et des Pays baltes du Traité d'Ottawa soulève des questions cruciales sur l'avenir des efforts de désarmement et de protection des civils. Dans un monde où les tensions géopolitiques augmentent, il est essentiel de réaffirmer l'engagement envers les accords humanitaires pour préserver la sécurité des populations vulnérables.

Pologne - La Pologne et les pays baltes prévoient de quitter le Traité d'Ottawa, suscitant des craintes pour l'avenir de l'interdiction des mines antipersonnel.