La crise économique mondiale de 2008 a marqué un tournant dans nos sociétés. Elle a déclenché une indignation généralisée et une remise en question des institutions. Dans ce contexte, le populisme a pris de l'ampleur, transformant les systèmes démocratiques établis après la IIe Guerre mondiale en modèles autoritaires et illibéraux.
Les professeurs de l'Université Francisco de Vitoria, Javier Redondo et María Inés Fernández, ont rassemblé neuf chercheurs pour analyser l'état actuel de nos démocraties. Leur ouvrage, intitulé La démocratie après le populisme, examine les pratiques populistes qui ont émergé au cours des deux dernières décennies. Ils soulignent que le populisme ne doit pas être considéré uniquement comme une cause, mais comme une conséquence d'un changement de paradigme démocratique.
María Inés Fernández explique que le modèle démocratique-liberal repose sur un consensus procédural, essentiel pour résoudre des conflits dans des environnements incertains. Cependant, la situation actuelle met en lumière un passage vers un consensus discrétionnaire, où des éléments tels que la séparation des pouvoirs sont relégués au second plan.
Javier Redondo, analyste politique, affirme que le gouvernement actuel est imprégné de populisme et d'antipolitique. Il met en avant plusieurs risques majeurs pour notre démocratie, notamment la discréditation du pouvoir judiciaire. Des exemples récents montrent comment les décisions judiciaires sont contestées, ce qui fragilise notre système démocratique.
Par ailleurs, la transformation du Tribunal Constitutionnel et les tensions autour du Fiscal Général soulèvent des inquiétudes. María Inés Fernández rappelle que l'expérience latino-américaine depuis 2000 offre des leçons précieuses sur les dérives populistes et leurs conséquences.
Les directeurs de l'ouvrage soulignent que l'antipolitique agit comme une broyeuse de consensus, reliant le passé, le présent et le futur. Ils évoquent des politiques de mémoire qui tentent de lier les adversaires politiques à des régimes dictatoriaux. Cette stratégie vise à renforcer une narrative qui favorise l'inclusion de certaines idées tout en excluant d'autres.
Dans le chapitre final, Florentino Portero rappelle que les bárbares ne viennent pas de l'extérieur, mais qu'ils font partie de nous. Il met en lumière le paradoxe d'un Occident qui, tout en étant le berceau de la démocratie, a aussi engendré des mouvements nationalistes et des atrocités.
En conclusion, le livre de Redondo et Fernández offre une analyse approfondie des défis auxquels nos démocraties sont confrontées face à la montée du populisme. Il invite à une réflexion sur l'avenir de notre système politique, soulignant que rien n'est écrit et que notre destin dépend de nos choix. L'ouvrage est un appel à la vigilance et à la protection des valeurs démocratiques face aux menaces contemporaines.