Alors que le coût de la vie au Canada augmente, la culture des pourboires fait également l'objet de débats. De nombreux jeunes Canadiens commencent à exprimer leur frustration face à cette pratique. Un récent sondage d'H&R Block révèle que les Canadiens âgés de 18 à 34 ans estiment que le système des pourboires est devenu excessif.
Ren Alva, un étudiant de 22 ans d'Edmonton, a été surpris lors d'une visite à une ferme de fruits. Il et ses amis ont été invités à laisser un pourboire au moment du paiement. "Nous avons fait la cueillette nous-mêmes", a-t-il déclaré, soulignant qu'il ne voyait pas pourquoi il devrait donner un pourboire dans ce cas.
De même, Jacob Burris, 24 ans, ne laisse des pourboires que dans les restaurants traditionnels. Pour lui, les pourboires ne devraient pas être donnés simplement pour un service normal. "Les pourboires ne devraient pas être obligatoires", a-t-il affirmé, reflétant un sentiment partagé par de nombreux jeunes Canadiens.
Le sondage d'H&R Block a révélé que la majorité des Canadiens, notamment les jeunes, considèrent que la culture des pourboires est devenue incontrôlable. Les options de pourboire apparaissent désormais dans de nombreux endroits, y compris dans des commerces ciblant les étudiants et des cliniques de physiothérapie.
Yannick Lemay, expert fiscal, a noté que les incitations à donner des pourboires n'empêchent pas les gens de le faire. Beaucoup se sentent obligés de laisser un pourboire, même s'ils ne sont pas à l'aise avec l'idée.
Aditi Roy, étudiante à Toronto, souligne que ceux qui ne laissent pas de pourboire risquent de se sentir coupables. "C'est ridicule de devoir donner jusqu'à 20 %", a-t-elle déclaré, en ajoutant que dans certains pays asiatiques, les pourboires sont pratiquement inexistants.
Pour Milly Squires, ancienne serveuse, donner un pourboire est une pratique normale. Elle explique que dans certains restaurants, les serveurs partagent une partie de leurs pourboires avec d'autres employés. "Cela signifie que si un client ne laisse pas de pourboire, le serveur perd de l'argent", a-t-elle précisé.
Alors que certains plaident pour la fin de la culture des pourboires, d'autres proposent des solutions alternatives. Burris suggère d'adopter un système de pourboire similaire à celui d'Europe, où des frais de service sont appliqués. Roy est d'accord sur le fait que le Canada pourrait remplacer les pourboires par des frais de service.
Elle souligne qu'il est essentiel de rémunérer correctement les travailleurs afin qu'ils n'aient pas à dépendre des pourboires. "Les salaires n'augmentent pas, mais le coût de la vie, lui, augmente", a-t-elle déclaré, résumant ainsi le dilemme économique actuel.
La culture des pourboires au Canada est en pleine mutation, surtout parmi les jeunes. Alors que certains continuent à soutenir cette pratique, d'autres réclament une réévaluation de son importance. Il est clair que le débat sur les pourboires et la rémunération des travailleurs n'est pas près de se clore.