Dans Arderá le vent de Guillermo Saccomanno, la localisation joue un rôle essentiel. Ce roman, qui a remporté le Prix Alfaguara de Roman 2025, nous plonge dans l'univers de Villa Gessell, un village argentin de 37 000 habitants. Située à 315 kilomètres au sud de Buenos Aires, cette ville côtière présente un paysage riche en histoires et en mythes.
Villa Gessell, bien que non nommée dans le roman, est décrite avec précision. Saccomanno évoque un cordon qui sépare la villa touristique de ses quartiers plus pauvres. D'un côté, la misère s'est installée, tandis que de l'autre, les maisons de vacances et les chalets témoignent d'une classe moyenne prétentieuse.
Le contraste entre ces deux mondes est frappant. Saccomanno souligne que les politiciens ont amené des populations défavorisées pour obtenir des votes, créant ainsi une tension sociale palpable. En hiver, la ville se transforme, et les habitants espèrent que la saison estivale leur apportera une solution financière.
Les protagonistes, les Estérhazy, incarnent ce mélange de fantaisie et de réalité. Lui, un aristocrate hongrois, et elle, une femme à la chevelure rouge, sont plongés dans une quête d'amour et de découverte. Leur histoire d'adultère et de désirs inassouvis propulse l'intrigue du roman.
La dynamique du couple met en lumière le thème central de l'œuvre : la relation entre sexe, argent et pouvoir. Dans un petit village, ces éléments sont souvent visibles et influencent les interactions sociales, créant un environnement où chacun est au courant des secrets des autres.
Le narrateur de Saccomanno adopte une voix collective, un nous qui dévoile les secrets du village. Cette approche insidieuse permet d'explorer les tensions entre les individus et la communauté. Saccomanno ne souhaite pas s'engager dans des discours politiques, mais il évoque la complexité de l'identité argentine.
Il aborde la violence politique en Argentine, marquée par une histoire tragique. Cette réalité pèse sur les personnages, reflétant un sentiment d'impossibilité à croire en l'innocence. Dans son roman, Saccomanno affirme qu'il n'y a pas de personnages innocents, à l'exception des enfants, qui grandissent dans un monde en déliquescence.
Guillermo Saccomanno a écrit Arderá le vent dans des conditions difficiles. Évincé de son logement, il a dû s'installer dans le garage de sa compagne. Malgré des problèmes de santé, dont deux pneumonies et la COVID, il n'a jamais cessé d'écrire, même à l'hôpital.
Interrogé sur son processus d'écriture, il déclare que ce n'était pas un accouchement douloureux, mais plutôt rapide et heureux. Cette détermination à créer, même dans l'adversité, témoigne de la passion qui anime l'auteur.
En somme, Arderá le vent est une œuvre riche qui explore les thèmes de la classe sociale, des relations humaines et de la complexité de l'identité argentine. À travers le portrait de Villa Gessell et des Estérhazy, Saccomanno nous offre une réflexion profonde sur la nature humaine et les défis de la vie.