Un médecin de 62 ans a été condamné par le tribunal correctionnel à deux ans de prison avec sursis et à une interdiction d'exercer pendant cinq ans. Cette décision fait suite à des prescriptions indûment délivrées de prégabaline, un médicament antiépileptique commercialisé sous le nom de Lyrica depuis 20 ans en France.
Le praticien était jugé pour plusieurs infractions, notamment escroquerie et mise en danger d’autrui. Il a délivré 541 prescriptions à 106 patients sans justification adéquate. En plus de la peine de prison, il a été condamné à une amende de 50 000 euros.
Lors de son procès, le médecin a déclaré avoir agi pour protéger ses patients en attendant qu'ils soient pris en charge par un addictologue. Il a mis en avant les risques d'un sevrage brutal, pouvant entraîner des crises convulsives.
Il a également mentionné avoir reçu des menaces de patients, ce qui l’a poussé à prescrire des médicaments pour sa propre sécurité. Le médecin a exprimé des regrets pour ne pas avoir sollicité d’aide auprès des autorités.
Entre 2021 et 2023, plusieurs patients ont témoigné de leur dépendance à la prégabaline, ayant connu ce médecin par le bouche-à-oreille. L’enquête a révélé qu’il avait prescrit des doses dépassant parfois deux fois la posologie maximale.
Son avocat a plaidé pour qu’aucune interdiction d’exercer ne soit prononcée, soulignant que ces prescriptions ne représentaient qu'une goutte dans la pratique du médecin, qui répondait aux urgences d'une patientèle défavorisée.
Fin 2023, des pharmaciens ont alerté les autorités sur des ordonnances de prégabaline suspectes provenant du même médecin. Celui-ci a été identifié comme le plus grand prescripteur de cette substance dans les Pays de la Loire.
Face à l’augmentation des abus et des ordonnances falsifiées, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a restreint les conditions de prescription de la prégabaline. Désormais, ce médicament nécessite une ordonnance sécurisée.
La condamnation de ce médecin met en lumière les risques liés à la prescription abusive de médicaments. La prégabaline, bien que nécessaire pour certains patients, peut être détournée pour ses effets euphorisants. Cette affaire soulève des questions sur la responsabilité des médecins et la nécessité de régulations strictes.