Pour la première fois dans l'histoire de la Corée du Sud, un président en exercice est jugé par un tribunal pénal. Ce jeudi, une nouvelle bataille légale a commencé à Séoul contre Yoon Suk Yeol, accusé d'insurrection et d'abus de pouvoir. Ce leader a orchestré un tentative de coup d'État en déclarant une loi martiale éphémère en décembre.
Yoon, un ancien procureur de 64 ans, pourrait faire face à une condamnation à perpétuité, voire à la peine de mort. Lors de la première audience, qui a duré seulement 13 minutes, il n'a pas pris la parole. Son avocat a affirmé que la loi martiale visait à contrer une dictature législative de l'opposition, qui détient la majorité au Parlement.
Ce nouveau procès pourrait durer six mois et se déroule parallèlement à un procès politique au Tribunal Constitutionnel. Ce dernier doit décider de la validité de l'impeachment voté par le Parlement. Si Yoon est destitué, des élections anticipées devront avoir lieu dans les 60 jours.
Jusqu'à présent, Yoon a refusé d'être interrogé par les enquêteurs de l'office anticorruption. Lors des audiences précédentes, il a défendu la théorie du complot, affirmant que des agents nord-coréens et chinois s'étaient infiltrés dans le principal parti d'opposition. Ses partisans les plus radicaux soutiennent cette version des faits.
Il est important de noter que ce sont les députés de l'opposition qui, durant la nuit tumultueuse du 3 décembre, ont réussi à contourner le blocus militaire et à entrer dans le parlement pour rejeter la loi de Yoon. Ce dernier a qualifié l'envoi de troupes de nécessaire pour maintenir l'ordre.
Plus de deux mois après le coup d'État raté, les partisans de Yoon continuent de manifester à Séoul. Ils croient fermement que l'ancien président voulait protéger la démocratie sud-coréenne des forces communistes. Selon eux, la loi martiale était un moyen de contrôler les institutions et de restreindre la liberté de la presse.
Actuellement, Yoon est détenu dans un centre de détention à l'extérieur de Séoul. Il a été inculpé d'insurrection, un des rares chefs d'accusation qui ne bénéficie pas d'immunité pour un président. Selon la loi sud-coréenne, un accusé peut être maintenu en détention jusqu'à six mois après son inculpation.
Les experts estiment qu'il est peu probable que Yoon soit condamné à mort, car aucun décès n'est survenu lors des événements entourant la loi martiale. D'autres anciens dirigeants sud-coréens, comme Chun Doo-hwan et Park Geun-hye, ont également été jugés, mais aucun d'eux n'était en fonction durant leurs procès.
Le cas le plus récent est celui de l'ancienne présidente Lee, condamnée à 24 ans de prison pour corruption. Fait intéressant, Yoon a dirigé l'enquête contre elle lorsqu'il était procureur. Ce contexte judiciaire complexe souligne les tensions politiques en Corée du Sud.
La situation de Yoon Suk Yeol représente un tournant dans l'histoire politique de la Corée du Sud. Le jugement en cours pourrait avoir des répercussions profondes sur le paysage politique du pays. Les prochaines étapes du procès et le verdict final détermineront l'avenir de Yoon et la direction que prendra la démocratie sud-coréenne.