Le nouveau président élu de Pologne, Karol Nawrocki, prend un rôle principalement cérémonial, mais son influence sur la politique du pays pourrait être profonde dans les cinq prochaines années. Son élection représente un tournant pour le parti conservateur Droit et Justice (PiS), qui espère retrouver le pouvoir après avoir perdu face à la coalition pro-européenne de Donald Tusk.
Le président de Pologne a un pouvoir limité sur la politique étrangère et de défense, mais il peut proposer et veto des lois. Le gouvernement de Tusk ne dispose pas d'une majorité parlementaire suffisante pour renverser un veto présidentiel. L'ancien président Duda a utilisé ses pouvoirs pour bloquer plusieurs promesses de campagne de Tusk, notamment sur l'avortement et les partenariats civils.
Nawrocki, un historien de 42 ans, est perçu comme un adversaire encore plus difficile pour Tusk que Duda. Certains analystes estiment que cette situation pourrait inciter le gouvernement à organiser des élections anticipées avant la date prévue de l'automne 2027.
Les élections ont été très serrées, reflétant la polarisation politique du pays. Nawrocki, un patriote polonais et catholique conservateur, s'oppose à l'immigration illégale et à l'élargissement des droits pour les relations homosexuelles. Il critique également la vision de Tusk, qui cherche à renforcer les liens avec l'UE.
Il affirme que les intérêts nationaux polonais sont mieux servis en se tenant fermement face à l'Allemagne et en évitant de céder davantage de pouvoirs à Bruxelles. Nawrocki s'oppose également aux propositions climatiques de l'UE, qu'il considère nuisibles pour les petits agriculteurs polonais.
Nawrocki soutient l'assistance militaire et humanitaire à l'Ukraine, mais il n'est pas convaincu que l'adhésion de l'Ukraine à l'OTAN ou à l'UE renforce la sécurité de la Pologne. Il a également exprimé son soutien à l'ancien président américain Donald Trump, critiquant la gestion de la situation par le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
Le soutien de Nawrocki à des figures comme Trump pourrait influencer la dynamique politique en Pologne, surtout dans un contexte de tensions géopolitiques croissantes en Europe de l'Est.
La prolongation du conflit entre les deux grands groupes politiques pourrait renforcer le soutien aux partis anti-establishment, comme la Confédération d'extrême droite. Ce parti a enregistré des gains récents, et son candidat libertaire, Slawomir Mentzen, a terminé troisième lors du premier tour des élections.
Cela soulève des questions sur la possibilité d'une alliance future avec le PiS, bien que certains leaders de la Confédération aient nié cette possibilité, affirmant que les deux partis luttent pour le même électorat.
Karol Nawrocki, en tant que nouveau président, pourrait transformer le paysage politique polonais. Sa position conservatrice et ses opinions sur les relations internationales et les droits civils pourraient créer des tensions avec le gouvernement en place. L'avenir politique de la Pologne dépendra de la capacité de Tusk à naviguer dans cette nouvelle réalité et à maintenir sa coalition au pouvoir.