Les funérailles de l'ancien président Edgar Lungu sont désormais en doute après l'annulation soudaine de la période de deuil national par le président Hakainde Hichilema. Cette décision survient dans un contexte de tensions croissantes entre la famille de Lungu et les autorités concernant les arrangements funéraires. La famille a annulé le rapatriement du corps de Lungu d'Afrique du Sud, laissant le pays dans l'incertitude quant à son enterrement.
Dans une déclaration faite jeudi soir, Hichilema a annoncé la fin immédiate de la période de deuil, soulignant que le pays devait "reprendre une vie normale". Initialement, le deuil devait se dérouler du 8 au 14 juin, puis prolongé jusqu'au 23 juin, avec des drapeaux en berne et des stations de radio diffusant de la musique solennelle. Ce prolongement avait été décidé après une réunion entre des responsables gouvernementaux et la famille de Lungu pour tenter de résoudre le conflit.
Les arrangements funéraires avaient été finalisés, et le corps devait être rapatrié par un vol affrété. Cependant, la famille a bloqué le transfert, affirmant que le gouvernement avait rompu l'accord sur les funérailles. Ils espèrent que le corps de l'ancien président sera rapatrié "un jour" et enterré en Zambie.
Le gouvernement a exprimé ses regrets face à l'action de la famille et a présenté des excuses au gouvernement sud-africain. Hichilema a déclaré que Lungu, en tant qu'ancien président, "appartient à la nation zambienne" et que son corps devrait être enterré en Zambie avec tous les honneurs. Il a insisté sur le fait que le pays ne pouvait pas se permettre une période de deuil indéfinie.
Le Patriotic Front (PF), le parti que Lungu dirigeait, a soutenu la position de la famille. Son président par intérim, Given Lubinda, a déclaré que le gouvernement avait transformé une occasion solennelle en "un jeu politique", ce qui n'est pas acceptable pour un ancien chef d'État.
Des groupes de la société civile ont appelé à une résolution urgente de la situation, avec des leaders religieux affirmant que ce conflit nuit à la "dignité de notre pays". Emmanuel Chikoya, président du Conseil des Églises en Zambie, a demandé un dialogue respectueux pour honorer la mémoire de Lungu tout en maintenant l'unité nationale.
Le gouvernement a appelé au calme et a réaffirmé sa volonté de poursuivre le dialogue avec la famille sur cette impasse. Lungu, qui a dirigé la Zambie de 2015 à 2021, est décédé plus tôt ce mois-ci en Afrique du Sud, où il recevait un traitement pour une maladie non divulguée.
Après six ans à la tête de l'État, Lungu a perdu les élections de 2021 face à Hichilema. Bien qu'il ait pris du recul en politique, il a par la suite fait son retour. Il avait des ambitions de se représenter, mais la Cour constitutionnelle l'a disqualifié, affirmant qu'il avait déjà servi les deux mandats maximum autorisés par la loi.
Malgré cette disqualification, Lungu est resté une figure influente dans la politique zambienne, n'hésitant pas à critiquer son successeur. Cette situation souligne les tensions persistantes au sein du paysage politique zambien, exacerbées par la tragédie de la perte d'un ancien président.
La situation autour des funérailles d'Edgar Lungu met en lumière les conflits entre la famille et le gouvernement, ainsi que les enjeux politiques en Zambie. Alors que le pays cherche à honorer la mémoire de son ancien président, il est crucial de trouver une solution qui respecte à la fois la dignité de Lungu et l'unité nationale.