Le président sud-coréen Yoon Suk-yeol a été formellement destitué ce vendredi. Cette décision fait suite à une résolution du Tribunal Constitutionnel qui confirme l'impeachment voté par le Parlement en décembre. Ce tournant marque un nouveau chapitre dans la crise institutionnelle en Corée du Sud, où des élections doivent être organisées dans les 60 jours pour élire un nouveau leader.
Le Tribunal a statué à l'unanimité que Yoon avait abusé de son pouvoir en déclarant la loi martiale. Le président du tribunal, Moon Hyung-bae, a déclaré : "Il a gravement trahi la confiance du peuple coréen". Cette déclaration souligne la gravité de la situation politique actuelle.
Yoon, âgé de 64 ans et ancien procureur, a dirigé le Parti du Pouvoir Populaire (PPP) pour remporter les élections présidentielles de 2022. Il a battu le Parti Démocratique de Corée (DPK) dirigé par Lee Jae-myung, qui a joué un rôle crucial en empêchant la loi martiale. Lee a réussi à convoquer rapidement les députés pour éviter un vote qui aurait pu mener à un coup d'État.
Après avoir instauré un régime militaire pendant moins de six heures, Yoon a été suspendu de ses fonctions le 14 décembre. Le Parlement a voté en faveur de sa destitution, avec le soutien de plus de deux tiers des législateurs. Les pouvoirs présidentiels ont été suspendus en attendant la décision du Tribunal Constitutionnel.
Suite à la chute de Yoon, le premier ministre Han Duck-soo a brièvement pris le relais en tant que leader intérimaire. Cependant, il a été destitué le 27 décembre pour avoir refusé de nommer des juges nécessaires à la révision de l'impeachment. Le ministre des Finances, Choi Sang-mok, a ensuite assumé ce rôle jusqu'à ce que le Tribunal annule l'impeachment contre Han.
Yoon a ensuite tenté de se barricader dans la résidence présidentielle, soutenu par sa garde. Après plusieurs tentatives infructueuses, les forces de police ont finalement réussi à l'arrêter le 15 janvier. Ce moment a marqué une escalade des tensions entre le gouvernement et les forces de l'ordre.
Yoon fait face à de graves accusations d'insurrection et d'abus de pouvoir, avec des peines pouvant aller jusqu'à la perpétuité ou même la peine de mort. Lors de son procès, il a défendu sa décision de déclarer la loi martiale en affirmant qu'il agissait pour protéger la démocratie sud-coréenne des forces communistes.
Il a également nié avoir envoyé des troupes pour arrêter les législateurs, affirmant que son intention était de maintenir l'ordre. Cependant, des témoignages de commandants militaires contredisent sa version des faits, affirmant qu'ils avaient reçu des ordres directs de sa part.
Les partisans de Yoon continuent de manifester, convaincus qu'il a agi pour défendre la démocratie. Ils estiment que sa déclaration de la loi martiale était nécessaire pour protéger le pays d'une dictature. Cette polarisation a conduit à des tensions croissantes dans la société sud-coréenne.
Ce vendredi, plus de 14 000 policiers ont été déployés à Séoul, où des milliers de personnes se sont rassemblées autour du tribunal. Avant le verdict, des législateurs de l'opposition ont même rasé leurs têtes en signe de protestation, illustrant ainsi l'intensité de la lutte politique actuelle.
La destitution de Yoon Suk-yeol souligne la fragilité de la démocratie sud-coréenne et les défis auxquels elle fait face. Alors que le pays se prépare à des élections anticipées, la situation reste tendue et incertaine. Les conséquences de cette crise institutionnelle pourraient avoir un impact durable sur l'avenir politique de la Corée du Sud.