Kirsty Coventry a été élue présidente du Comité International Olympique (CIO), devenant ainsi la première femme à occuper ce poste. À 41 ans, elle est également la plus jeune personne à accéder à cette fonction. Cette victoire, bien que marquante, suscite des interrogations sur son parcours et ses implications pour le sport.
Malgré des prévisions d'une élection serrée, Coventry a remporté 49 voix sur 97 lors d'un vote secret, après une seule ronde. En comparaison, Lord Coe, candidat à forte notoriété, n'a obtenu que huit voix. Ce résultat envoie un message fort, surtout après les Jeux Olympiques de Paris 2024, qui ont atteint la parité entre les sexes.
Jusqu'en 1981, il n'y avait pas de femmes au CIO, et Coventry est seulement la deuxième femme à briguer la présidence. Son élection projette une image progressiste et diversifiée pour le CIO, crucial à une époque où l'organisation cherche à rester pertinente pour les jeunes générations.
Des sources au sein du CIO ont indiqué que Coventry était le choix préféré de l'ancien président Thomas Bach. Bien qu'il ait nié avoir exercé des pressions en sa faveur, son influence sur l'organisation qu'il dirige depuis 2013 est indéniable. Cette victoire soulève des questions sur le processus électoral opaque du CIO.
La résistance au changement est palpable, surtout face à des candidats comme Coe, qui prônait des réformes. Son approche stricte sur des sujets comme le dopage et l'éligibilité des genres n'a pas trouvé écho au sein du CIO.
Coventry s'est engagée à interdire la participation des femmes transgenres aux compétitions féminines aux JO, affirmant que la sécurité et l'équité sont primordiales. Cependant, elle a été critiquée pour son rôle lors de l'admission de boxeuses ayant échoué à des tests d'éligibilité de genre pour les JO de Paris 2024.
Cette controverse a suscité des interrogations sur les règles du CIO, mettant en lumière les défis que l'organisation doit relever pour maintenir la crédibilité des Jeux.
La carrière de Coventry est étroitement liée à la politique. En 2008, elle a reçu une récompense de 100 000 $ de Robert Mugabe pour ses performances aux JO de Pékin, une période marquée par des pénuries alimentaires sévères. Bien qu'elle ait exprimé la nécessité de changement, elle a évité de s'impliquer dans la politique.
En 2018, elle est devenue ministre des Sports sous le président Emmerson Mnangagwa, connu pour ses méthodes politiques controversées. Son lien avec Mnangagwa soulève des questions quant à sa capacité à diriger le CIO, surtout après les sanctions imposées par les États-Unis pour corruption.
Les compétences diplomatiques de Coventry seront mises à l'épreuve alors qu'elle prendra ses fonctions dans un contexte géopolitique tendu. Elle devra naviguer des enjeux tels que la réintégration potentielle de la Russie, exclue après son invasion de l'Ukraine.
Avec seulement huit mois avant les Jeux Olympiques d'hiver en Italie, elle devra également choisir un hôte pour les JO de 2036. Les enjeux de long terme comprennent l'éligibilité des genres, le changement climatique et le dopage, tout en veillant à ce que les Jeux restent pertinents.
La victoire de Kirsty Coventry au CIO représente un tournant significatif pour le sport. Bien que son parcours soulève des questions, son rôle pourrait potentiellement favoriser une plus grande reconnaissance de l'Afrique dans le monde sportif. Son mandat sera crucial pour façonner l'avenir des Jeux Olympiques.