Tunisie : Le Président Saied Renvoie Son Premier Ministre Moins De Huit Mois Après Sa Nomination

Limogeage du Premier ministre tunisien

Le président tunisien, Kais Saied, a décidé de limoger son Premier ministre, Kamel Madouri, dans la nuit de jeudi à vendredi. Moins de huit mois après sa nomination, il a choisi de désigner Sarra Zaafrani Zenzri, la ministre de l'Équipement, pour le remplacer. Ce changement se produit dans un contexte de crises économiques et de tensions politiques.

Le limogeage de M. Madouri est le quatrième depuis le coup de force de M. Saied à l'été 2021. Aucune explication officielle n'a été fournie concernant ce départ. La présidence a annoncé cette décision via un communiqué laconique sur Facebook, soulignant l'importance de mieux coordonner le travail gouvernemental.

Contexte économique et politique

La nouvelle Première ministre, Sarra Zaafrani, ingénieure en génie civil, prend ses fonctions à un moment critique. La Tunisie fait face à de graves difficultés économiques et est critiquée par l'ONU pour l'emprisonnement d'opposants. M. Saied a récemment exprimé son mécontentement, exhortant ses ministres à agir rapidement pour répondre aux attentes du peuple tunisien.

Dans un discours, M. Saied a affirmé qu'il était temps que chaque dirigeant soit tenu pour responsable de ses actes. Il a également exprimé des doutes sur des mouvements sociaux récents, les qualifiant de suspects. Ce climat de méfiance s'accompagne d'un procès en cours contre plusieurs figures de l'opposition, jugé comme politique par les militants des droits humains.

Réformes et changements de gouvernement

Depuis le coup de force du 25 juillet 2021, des organisations non gouvernementales dénoncent une régression des droits et des libertés en Tunisie, berceau du Printemps arabe. M. Saied a gelé le Parlement et a révisé la Constitution pour instaurer un régime ultra-présidentiel. En août 2024, il avait procédé à un vaste remaniement, remplaçant 19 ministres sous prétexte de sûreté nationale.

La situation économique reste préoccupante. La Tunisie a enregistré une croissance de seulement 0,4 % en 2024, avec un taux de chômage de 16 %. La dette nationale s'élève à environ 80 % du PIB. Ces chiffres témoignent d'une crise persistante, aggravée par la suspension des négociations avec le Fonds monétaire international.

Les défis à venir pour le nouveau gouvernement

Sarra Zaafrani Zenzri, 62 ans, devient la deuxième femme à diriger le gouvernement tunisien. Elle succède à Najla Bouden, limogée en période de pénuries alimentaires. Avant sa nomination, elle a dirigé la division des autoroutes au sein du ministère de l'Équipement, où elle a géré des négociations avec des bailleurs de fonds.

Le président Saied a été réélu avec une large majorité, mais la participation électorale était très faible. Le nouveau gouvernement devra faire face à des défis économiques majeurs et à une pression sociale croissante. La nécessité de réformes efficaces est plus que jamais pressante pour stabiliser la situation dans le pays.

Conclusion

Le limogeage de Kamel Madouri et la nomination de Sarra Zaafrani Zenzri marquent un tournant dans la politique tunisienne. Alors que la Tunisie fait face à de nombreux défis économiques et sociaux, le nouveau gouvernement devra agir rapidement pour répondre aux besoins du peuple. La situation politique reste fragile, et l'avenir du pays dépendra de la capacité de ses dirigeants à naviguer dans ces eaux tumultueuses.