Pour la première fois dans l'histoire de la Colombie, des ex-présidents du Sénat et du Congrès ont été arrêtés pour corruption. La Cour Suprême de Justice a accusé le sénateur Iván Name et le congressiste Andrés Calle, qui ont quitté leurs fonctions en juillet dernier, d'avoir reçu des sous pour soutenir le gouvernement socialiste dans l'adoption de ses projets de loi.
Étant donné que le Pacto Histórico de Gustavo Petro ne bénéficiait d'aucune majorité dans les deux chambres législatives, ils auraient prétendument choisi d'acheter les voix de parlementaires d'autres partis. Ils ont commencé par ceux qui les dirigeaient pour orienter les débats en fonction de leurs intérêts.
Selon la salle d'instruction du tribunal, Name aurait reçu dans un malette et en espèces 3 000 millions de pesos, soit environ 670 000 euros. Calle, membre du Parti Libéral, aurait obtenu 1 000 millions de la même manière. Les deux se déclarent innocents.
Le financement remis en octobre 2023 provenait de l'UNGRD (Unité Nationale pour la Gestion des Risques de Catastrophes), dirigée par Olmedo López, un homme de confiance de Petro depuis plus de trois décennies. Suivant les ordres de Carlos Ramón González, alors à la tête du bureau de la présidence, il a détourné des millions pour les remettre à des députés corrompus en échange de leurs votes.
Ils ont choisi l'UNGRD car, en raison de son caractère d'intervention urgente, elle pouvait passer outre les contrôles habituels pour attribuer des contrats. Ils ont ainsi détourné des fonds destinés à soulager la soif des populations pauvres de la Guajira, frappées par une grave sècheresse.
Lorsque le scandale a éclaté à propos de camions citernes, Olmedo López et son adjoint, Sneyder Pinilla, ont décidé de négocier avec la Fiscalie pour réduire leurs peines. Ils ont avoué leurs crimes et désigné les politiciens ayant reçu l'argent.
Sandra Ortiz, ancienne conseillère présidentielle, a également avoué avoir remis le malette à Name. Les deux hommes ont utilisé les pots-de-vin pour financer les campagnes politiques de leurs proches. Name a soutenu sa fille, María Clara Name, pour le Conseil de Bogotá, tandis que Calle a aidé son père, Gabriel Calle, pour la mairie de Montería.
Les deux candidats ont été élus. Petro, qui avait précédemment affirmé que quiconque disait que Name avait été payé mentait, a ensuite écrit sur son compte X que l'ancien président du Sénat "s'opposait à tous nos projets et maintenant il est en prison".
Name et Calle sont les premiers politiciens à être emprisonnés dans cette affaire, mais d'autres suivront. Plusieurs députés et les anciens ministres de l'Intérieur et des Finances, Luis Fernando Velasco et Ricardo Bonilla, amis proches de Petro, sont également sous enquête.
José Luis Moreno, avocat d'Olmedo López, a affirmé : "Cette décision n'est pas le résultat de conjectures, mais de preuves concrètes". Il a ajouté qu'il fallait des garanties pour la vie de son client et de sa famille, car d'autres puissants doivent encore tomber.
Ce scandale de corruption en Colombie met en lumière des pratiques politiques douteuses. Les arrestations de Name et Calle sont un signal fort. Les autorités doivent poursuivre leurs enquêtes pour garantir la transparence et la justice dans le pays.