Le projet de remplacement du pont ferroviaire Vysehrad, vieux de 123 ans, à Prague suscite de vives réactions. La capitale tchèque, connue pour son architecture préservée, attire chaque année environ 8 millions de touristes. La démolition d'un monument emblématique comme ce pont ne peut laisser indifférent.
L'architecte et ingénieur en ponts, Petr Tej, souligne que ce pont est essentiel pour Prague. Il évoque la vue panoramique qu'il offre avec la forteresse de Vysehrad, comparable à celle du pont Charles avec le château de Prague. Selon lui, ces panoramas sont cruciaux et doivent être préservés.
En observant les arches emblématiques du pont, Tej et d'autres défenseurs estiment qu'il est possible de restaurer plutôt que de remplacer cette structure. Ils font partie de la Fondation du Pont Vysehrad, qui a restauré des ponts similaires à travers le monde.
Les experts de la fondation affirment que le plan de la Railway Authority de démolir le pont est inutile. Des rapports antérieurs indiquaient que 70 % de l'acier devait être remplacé, alors que leur étude révèle que seulement 15 % est nécessaire. Cela représente une différence majeure.
Leur proposition consiste à réparer le pont sur place, tout en maintenant le service ferroviaire, ce qui minimiserait les perturbations et permettrait d'économiser de l'argent. Leur étude a reçu le soutien de l'UNESCO et d'une pétition signée par plus de 25 000 résidents.
Pavel Paidar, directeur du département de préparation des constructions de la Railway Authority, exprime son désaccord. Il explique que le pont gère déjà environ trois quarts du trafic ferroviaire de Prague, mais en raison de la corrosion, il ne peut supporter que 60 % de sa capacité.
Avec la croissance prévue du trafic ferroviaire, Paidar affirme que cela posera un problème de transport majeur. Bien qu'il soit un monument historique protégé, il est de plus en plus clair qu'il existe un conflit entre les besoins de transport et la préservation du patrimoine.
Le nouveau pont devrait inclure une troisième voie et offrir un hommage visuel à l'original. Cependant, cette idée est également critiquée. Le pont sera déplacé à Modrany, où la rivière Vltava est beaucoup plus étroite, ce qui soulève des inquiétudes quant à son intégration dans le paysage.
Tomas Bistricky, philanthrope et co-fondateur de la Fondation, souligne qu'il n'y a pas de conflit entre le transport et la préservation du patrimoine. Au contraire, il affirme que ces deux éléments peuvent se soutenir mutuellement.
La question de savoir s'il faut démolir ou préserver le pont Vysehrad est un dilemme ancien. Ce débat passionne particulièrement une ville qui valorise son héritage architectural. La décision finale incombera au gouvernement tchèque, et elle pourrait arriver plus tôt que prévu.