La renouvellement du Plan Moves III a suscité de nombreuses inquiétudes dans le secteur de l'automobile. Depuis son annonce en janvier, les appels à maintenir cette initiative cruciale pour l'électrification des véhicules se sont multipliés. Finalement, en avril, la ministre de la Transition Écologique, Sara Aagesen, a confirmé son renouvellement avec un budget de 400 millions d'euros.
Le budget de 400 millions d'euros sera réparti entre les différentes communautés autonomes selon la demande de véhicules électriques. Cette aide vise à soutenir l'achat de véhicules électriques et hybrides, qui représentent une part croissante des immatriculations en Espagne. Cependant, la proportion de véhicules électriques reste faible par rapport à d'autres pays européens.
En 2023, l'Espagne affichait un 44% d'immatriculations de véhicules électriques et hybrides, mais seulement 12% étaient des modèles entièrement électriques. En comparaison, des pays comme la France, le Royaume-Uni et l'Allemagne affichent des chiffres autour de 25%. Cette situation souligne la nécessité d'un soutien continu pour stimuler le marché local.
Un des principaux problèmes des aides à l'achat de véhicules électriques est leur caractère régressif. Les données montrent que seuls quelques ménages à revenus élevés peuvent bénéficier de ces aides. En 2021, seulement 0,35% des ménages avec un revenu net inférieur à 3 000 euros possédaient un véhicule électrique, contre près de 2% pour ceux avec des revenus supérieurs à 7 500 euros.
De plus, dans de nombreuses villes, il est nécessaire d'avoir un patrimoine pour accéder à ces véhicules, comme une place de garage. Cela limite encore plus l'accès, car ces places sont souvent coûteuses dans les grandes villes. Ainsi, seuls les ménages disposant de ces commodités acquièrent des véhicules électriques en quantités significatives.
La question de l'efficacité des aides à l'achat se pose également. Les plans Moves n'ont pas été conçus pour une évaluation rigoureuse. Cependant, des recherches menées par le Banco de España ont révélé que l'impact des aides était limité. Par exemple, le programme Moves II n'a eu un effet positif que dans cinq communautés, principalement à revenu élevé.
Dans ces régions, l'augmentation moyenne des immatriculations de véhicules verts a été d'un point de pourcentage, suggérant que beaucoup de ces ventes auraient eu lieu sans aides. Cela soulève des questions sur la nécessité de maintenir de telles subventions si leur impact est si restreint.
Une autre préoccupation concerne l'impact des aides sur les prix de vente des véhicules. Si les fabricants augmentent leurs prix pour compenser les aides, cela pourrait expliquer leur faible impact sur les immatriculations. Malheureusement, il existe peu de données pour analyser cette tendance.
Des études antérieures, comme celle de Jiménez et al. (2016), ont montré que les aides du Plan2000E avaient entraîné une augmentation de 600 euros du prix moyen des véhicules. Cette situation complique la défense des aides à un moment où les besoins en dépenses publiques augmentent.
En résumé, le Plan Moves III représente une opportunité pour stimuler l'électrification des véhicules en Espagne. Cependant, les défis liés à la régressivité, à l'efficacité et à l'impact sur les prix soulèvent des questions importantes. Il est crucial d'évaluer ces aides pour garantir qu'elles atteignent réellement les objectifs visés et bénéficient à un plus large éventail de la population.