Amy, une jeune femme de 15 ans, a vécu des attaques violentes durant son enfance. Diagnostiquée avec un PTSD complexe, elle a passé plus d'une décennie isolée chez elle, cherchant désespérément de l'aide. Malgré ses efforts, elle n'a vu un psychiatre qu'une seule fois en dix ans.
En proie à des pensées suicidaires, Amy a connu des crises de santé mentale graves. Elle se trouve sur une liste d'attente interminable pour un traitement. "On me dit juste d'attendre", explique-t-elle, exprimant sa frustration face à la situation. Les équipes de crise de son hôpital local la connaissent, mais cela n'a pas suffi à lui fournir l'aide nécessaire.
Amy a tenté de reprendre ses études, mais a été contrainte de quitter son cours de collège suite à une nouvelle crise. "Je tourne en rond", dit-elle, illustrant la difficulté de sa situation. Sa mère a dû arrêter de travailler pour s'occuper d'elle, mettant en lumière les défis quotidiens qu'elles affrontent.
Une analyse exclusive de la charité Rethink Mental Illness révèle une inégalité croissante entre les soins de santé mentale et physique. En mai, plus de 14 000 patients attendaient plus de 18 mois pour un traitement en santé mentale, tandis que seulement 1 237 attendaient pour des soins physiques. Cette disparité souligne l'urgence d'une réforme.
Brian Dow, de Rethink, avertit que ces retards prolongés aggravent les résultats pour les patients. "Cela devient plus coûteux de les traiter", souligne-t-il, ajoutant que de nombreux patients finissent par nécessiter des soins secondaires plus complexes.
Un nouveau centre de santé mentale à l'est de Londres propose une approche innovante. Ouvert aux patients sans rendez-vous, il offre une intervention précoce dans un environnement accueillant. Les résultats sont déjà visibles, avec des listes d'attente qui diminuent.
Dr Sheraz Ahmad, psychiatre consultant, explique que ce modèle favorise la continuité des soins. "Avoir accès aux mêmes cliniciens chaque jour fait une énorme différence", dit-il. Ce centre, unique en son genre, vise à prévenir les rechutes et à réduire les besoins d'hospitalisation.
Le ministre de la Santé, Stephen Kinnock, reconnaît les lacunes du système de santé mentale. "Trop de gens ont été laissés pour compte", admet-il, soulignant que le gouvernement a un plan pour remédier à ces problèmes. "Le soutien doit se déplacer des hôpitaux vers la communauté", affirme-t-il.
Il insiste sur l'importance de la prévention pour réduire les listes d'attente. Cependant, les inégalités entre les soins de santé mentale et physique persistent, laissant des milliers de personnes, comme Amy, dans l'incertitude.
Amy et sa mère continuent d'attendre une aide qui semble hors de portée. "Nous ne savons pas comment sortir de cette situation", confie-t-elle. Leur histoire illustre la nécessité urgente de réformer le système de santé mentale au Royaume-Uni, afin de garantir un accès équitable aux soins pour tous.