Le pari risqué du Japon pour transformer l'île des fleurs en hub mondial des puces

Introduction

Le Japon mise des milliards pour transformer l'île d'Hokkaido, traditionnellement agricole, en un hub mondial pour les semi-conducteurs avancés. Autrefois connue pour ses produits laitiers et ses stations de ski, l'île se réinvente grâce à des investissements audacieux dans l'industrie des puces.

Un projet ambitieux

Hokkaido, avec sa beauté naturelle et son infrastructure, est au cœur de cette initiative. Rapidus, une entreprise soutenue par le gouvernement et des géants comme Toyota et Sony, vise à établir la première usine de puces de pointe du Japon. L'emplacement à Chitose a été choisi pour ses ressources en eau et en électricité.

Le CEO de Rapidus, Atsuyoshi Koike, a souligné l'importance de cette usine, qui sera recouverte de gazon pour s'intégrer dans le paysage. Ce projet pourrait transformer Hokkaido en une version japonaise de la Silicon Valley.

Technologie de pointe

Un jalon important pour Rapidus a été l'acquisition d'un système de lithographie ultraviolette extrême (EUV) d'ASML. Cela a permis la production de prototypes de transistors de deux nanomètres, une avancée significative dans la technologie des semi-conducteurs. Seules des entreprises comme TSMC et Samsung ont réalisé un tel exploit.

Koike a déclaré que cette réussite était due à la collaboration avec IBM, essentielle pour accéder aux technologies nécessaires. Cependant, la concurrence reste féroce, surtout face à des acteurs établis comme TSMC.

Défis à relever

Malgré l'optimisme, Rapidus doit surmonter des défis majeurs pour produire en masse des puces de 2 nm d'ici 2027. Le rapport de l'Asean+3 a souligné que le financement actuel est insuffisant pour atteindre les objectifs de production. De plus, le manque d'expérience en fabrication avancée pourrait freiner les ambitions de l'entreprise.

La recherche de clients pose également problème, car TSMC et Samsung ont des relations solides avec des entreprises mondiales. La nécessité d'établir des partenariats sera cruciale pour le succès de Rapidus.

Investissements gouvernementaux

Le gouvernement japonais investit massivement dans l'industrie des puces, avec un budget de 27 milliards de dollars entre 2020 et 2024. Ce soutien est plus important par rapport au PIB du Japon que les investissements réalisés par les États-Unis. En 2024, un paquet de 65 milliards de dollars pour l'IA et les semi-conducteurs a été dévoilé.

Ce soutien vise à revitaliser une industrie qui a perdu sa position dominante. Quarante ans auparavant, le Japon produisait plus de la moitié des semi-conducteurs mondiaux, mais aujourd'hui, ce chiffre est tombé à 10 %.

Vers un écosystème durable

Le projet de Rapidus attire déjà des acteurs mondiaux comme TSMC, qui produit des puces à Kumamoto. La création d'une écosystème autour de la fabrication de semi-conducteurs est en cours, avec des entreprises locales comme Kioxia et Toshiba également soutenues par le gouvernement.

Koike a déclaré que la clé de leur succès réside dans la capacité à produire des puces personnalisées rapidement. Le besoin croissant de semi-conducteurs, notamment avec l'essor de l'IA, renforce l'importance de cette initiative pour le Japon.

Conclusion

Le pari du Japon sur Rapidus pourrait être déterminant pour son avenir technologique. En investissant dans la production de semi-conducteurs, le pays espère non seulement revitaliser son industrie, mais aussi renforcer sa position sur le marché mondial. Cela pourrait être une chance unique pour le Japon de redevenir un leader dans le secteur des technologies avancées.