Le président Donald Trump a érigé un nouveau mur, et il pense que tout le monde va en payer le prix. Sa décision d'imposer des tarifs douaniers d'au moins 10 % sur presque tous les produits entrant aux États-Unis est en réalité un mur destiné à protéger les emplois américains, plutôt qu'à bloquer l'immigration.
Pour comprendre la portée de cette décision, il est essentiel de la mettre en contexte historique. Cela ramène les États-Unis un siècle en arrière en termes de protectionnisme, dépassant les niveaux de revenus douaniers des pays du G7 et du G20. Ce n'est pas seulement une guerre commerciale ; c'est un tournant dans la globalisation que les États-Unis avaient autrefois soutenue.
Trump a souvent mentionné 1913, une année clé où les États-Unis ont créé l'impôt sur le revenu et réduit considérablement leurs tarifs. Avant cela, le gouvernement américain était principalement financé par les tarifs, adoptant une approche protectionniste sous la direction d'Alexander Hamilton.
La leçon que la Maison Blanche semble tirer de l'histoire est que des tarifs élevés ont rendu l'Amérique "grande". Cela va à l'encontre des théories de l'économiste britannique David Ricardo, qui prônait les avantages comparatifs. Selon lui, chaque pays devrait se spécialiser dans ce qu'il fait de mieux et échanger librement.
Malgré cela, les États-Unis n'ont jamais pleinement embrassé cette idée. L'annonce récente des tarifs montre une volonté de corriger ce qu'ils perçoivent comme des pratiques commerciales déloyales.
Les tarifs dits "réciproques" sont calculés en fonction des excédents commerciaux des pays avec les États-Unis. La Maison Blanche a affirmé que ces ajustements prenaient en compte la bureaucratie et la manipulation des devises. En réalité, ils se basent sur des équations simples qui mesurent le déséquilibre commercial.
Un responsable de la Maison Blanche a déclaré que vendre plus de biens aux États-Unis que l'inverse était considéré comme une forme de fraude, justifiant ainsi l'imposition de ces tarifs.
Le vice-président JD Vance a souligné que la globalisation a échoué selon cette administration. L'idée que les pays riches se déplaceraient vers des chaînes de valeur plus élevées n'a pas fonctionné, notamment avec la montée de la Chine dans l'économie mondiale.
Depuis l'entrée de la Chine à l'OMC en 2001, les États-Unis ont vu des profits, mais aussi une perte de millions d'emplois manufacturiers. Ce "choc chinois" a eu un impact durable sur des régions comme le Rust Belt.
La promesse de Trump est que ces emplois reviendront aux États-Unis, incitant les entreprises étrangères à déplacer leurs usines. Cependant, l'affirmation selon laquelle le libre-échange a "violé" l'économie américaine ne reflète pas la réalité. Le secteur des services a prospéré, tandis que la richesse n'a pas été répartie équitablement.
Les grandes entreprises américaines, qui ont profité de chaînes d'approvisionnement efficaces, sont maintenant confrontées à des défis majeurs. La stratégie de protectionnisme de Trump pourrait entraîner une récession et un impact négatif sur l'image des marques américaines à l'étranger.
En choisissant de se retirer du système commercial mondial qu'elle a elle-même créé, l'Amérique se dirige vers une transition complexe et chaotique. Les choix des autres pays face à cette nouvelle réalité détermineront l'avenir du commerce international et de l'économie américaine.