Le cinéma espagnol peine à affronter son passé récent. Cette affirmation du réalisateur Manuel Huerga introduit sa filmographie, tout en offrant une légère excuse. Son film, "Parenostre", se positionne comme une réponse à cette carence. À travers un thriller captivant, il explore la chute d'un idole catalan, Jordi Pujol.
La trame du film se déroule le 25 juillet 2014, date marquante où Jordi Pujol, ancien président de la Generalitat de Catalogne, est contraint de révéler la fortune de sa famille. Cette annonce, faite par le biais d'un communiqué, dévoile une héritage prétendument accumulée, mais qui, en réalité, n’a jamais existé. Le film, écrit par Toni Sole, capte le cataclysme qui secoue la famille Pujol et la société catalane.
Dans une scène clé, l'acteur majestueux Josep Maria Pou, incarnant Pujol, exprime sa déception à Marta Ferrusola, jouée par Carme Sansa. Il s'interroge sur son héritage et son souvenir. Tarradellas est célébré, mais lui ? "Comme si j'étais Saddam Hussein", déclare-t-il, faisant référence à sa statue récemment détruite. Ce moment illustre le drame personnel et public qui entoure Pujol.
"Parenostre" soulève la question du perdonnement. Peut-on pardonner un tel spoliation ? Ce questionnement résonne chez Pujol, qui ne voit aucune rue à son nom. Pour les Catalans, il représente une figure complexe, avec des lumières et des ombres, ayant influencé l'histoire de la Catalogne et de l'Espagne pendant plus de deux décennies.
Le film met en lumière la corruption et l'hypocrisie au sein du pouvoir. Pujol, bien que critiqué, a été un frein au nationalisme indépendantiste. La dynamique politique a changé, et la justice a décidé de s'attaquer à lui précisément lorsque l'indépendance a pris de l'ampleur. Ainsi, la chute de Pujol est liée à un contexte plus large.
La réception de "Parenostre" en Catalogne pourrait susciter des débats passionnés. Un public captivé, qu'il s'agisse de morbidité ou d'expérience personnelle, viendra voir le film. Les discussions pourraient être vives, mais l'espoir d'une réflexion constructive demeure. Certains pourraient y voir une opportunité de guérison, bien que cela semble utopique.
Le film critique également le rôle de la justice, qui n'est pas aveugle. Elle agit selon ses intérêts, et il semble que des institutions soient protégées. La justice en Espagne est souvent perçue comme une arme politique, agissant lorsque cela est jugé nécessaire. La situation de Pujol illustre cette réalité troublante.
En somme, "Parenostre" est un drame poignant qui aborde des questions de mémoire, de pouvoir et de responsabilité. Il incite à réfléchir sur le passé et son impact sur le présent. La complexité de la figure de Pujol et son héritage continuent de susciter des débats, rendant ce film essentiel pour comprendre l'histoire récente de la Catalogne.