Le site de Grangemouth suscite à la fois inquiétudes et optimisme concernant son avenir à long terme. Historiquement ancré dans les combustibles fossiles, son avenir repose désormais sur sa transformation en un pôle industriel d'énergie verte en Écosse. La raffinerie, qui date de 1924, est la plus ancienne du Royaume-Uni et son propriétaire, Petroineos, prévoit sa fermeture, entraînant la perte de 400 des 2000 emplois du complexe industriel.
Un rapport commandé par le gouvernement britannique, connu sous le nom de Projet Willow, examinera les options pour le site. Ce rapport, attendu dans les prochains jours, devrait recommander à Grangemouth de se tourner vers l'énergie verte pour répondre à ses besoins en électricité, et d'utiliser cette énergie pour produire de nouveaux produits durables.
Grangemouth bénéficie de plusieurs avantages géographiques et logistiques. Situé sur un port abrité, il reçoit déjà des livraisons hebdomadaires de gaz de schiste en provenance des États-Unis. Depuis le pic de production de la mer du Nord en 1999, l'approvisionnement en gaz local a chuté, et le gaz de schiste a commencé à arriver de Pennsylvanie en 2016.
De plus, le site est extrêmement bien connecté, avec des lignes électriques qui s'étendent dans toutes les directions et des pipelines souterrains reliant Grangemouth au nord-est de l'Écosse et au nord de l'Angleterre. Certains de ces pipelines, actuellement sous-utilisés, pourraient être réutilisés pour transporter des combustibles plus écologiques tels que l'hydrogène.
La fermeture de la raffinerie laisse Grangemouth principalement axé sur la production de produits chimiques comme l'éthylène, le polyéthylène et le polypropylène, utilisés dans la fabrication de plastiques. Toutefois, cette production est très énergivore, faisant de Grangemouth le site le plus polluant d'Écosse. En 2022, les entreprises présentes ont été responsables de 7,2 % des émissions de l'Écosse.
Pour réduire son empreinte carbone, le site doit prioriser un projet de captage et stockage du carbone, connu sous le nom de Projet Acorn. Ce projet vise à capturer les gaz à effet de serre avant qu'ils n'atteignent l'atmosphère et à les stocker sous terre dans des puits de pétrole et de gaz épuisés sous la mer du Nord.
Un nouveau terminal d'importation est prévu pour remplacer la raffinerie en fermeture, permettant de maintenir l'approvisionnement en carburant d'aviation pour l'aéroport d'Édimbourg. À long terme, une installation de production de carburant d'aviation durable pourrait tirer parti des compétences de la main-d'œuvre existante.
Le gouvernement britannique a déjà fixé un objectif : 2 % du carburant d'aviation doit provenir de sources renouvelables, avec une augmentation prévue à 10 % d'ici la fin de la décennie. Cependant, il n'y a pas encore d'engagement que Grangemouth sera une source de ce carburant.
Dans les décennies à venir, l'hydrogène jouera un rôle de plus en plus important en tant qu'énergie propre, notamment dans le secteur des transports lourds. L'abondance de vent en Écosse offre un potentiel énorme pour la production d'hydrogène vert. Actuellement, une partie de l'hydrogène est déjà produite à Grangemouth, avec des projets d'augmentation significative de la production d'ici 2030.
Cependant, Grangemouth ne dispose pas actuellement des conditions nécessaires pour stocker l'hydrogène en grandes quantités. Des cavernes de sel souterraines seraient idéales, mais les sites les plus proches se trouvent en East Yorkshire et à Cheshire. Cela nécessiterait soit la construction d'unités de stockage coûteuses, soit le transport de l'hydrogène sur des centaines de kilomètres.
Le rapport du Projet Willow, lorsqu'il sera publié, fournira des chiffres sur les propositions concernant Grangemouth. Il examinera les coûts, les emplois potentiels et la valeur pour les économies écossaise et britannique. Cependant, attirer des investissements publics et privés sera un défi majeur. Aborder ces questions de manière coordonnée maximisera les chances de garantir un avenir durable pour un site historiquement lié aux combustibles fossiles.