Un rapport militaire canadien fuité met en lumière une crise de recrutement au sein des Forces armées. Malgré les efforts de l’armée pour attirer de nouveaux membres, de nombreux recrues quittent rapidement, frustrées par les difficultés à obtenir une formation adéquate.
Le rapport indique que le taux d’attrition des nouvelles recrues est plus du double de la moyenne des Forces. En 2023-24, 9,4 % des nouveaux membres ont quitté, contre 4,3 % en moyenne. Ce phénomène est alarmant alors que le Canada fait face à un besoin urgent de 14 000 personnels qualifiés.
Les raisons de cette attrition incluent des délais de formation et des difficultés d’adaptation à la vie militaire. Certains recrues attendent plus de 206 jours pour recevoir leur formation, ce qui entraîne une frustration croissante parmi les nouveaux membres.
Un autre aspect préoccupant est la rétention des soldats expérimentés. Le Bureau de la rétention, chargé de trouver des solutions pour garder les membres, a récemment été défundé. Cela complique encore davantage la situation, car le maintien des effectifs est tout aussi crucial que le recrutement.
Les experts soulignent que le ministère de la Défense semble aborder la crise de manière linéaire, en se concentrant d'abord sur le recrutement, puis sur la formation. Cette approche pourrait avoir des conséquences néfastes sur le moral des troupes.
La commandante des Forces armées, le général Jeanie Carignan, a reconnu que la formation posait problème. Elle a mentionné que des efforts étaient en cours pour améliorer la formation de base, élément essentiel pour la rétention des membres. "Il n'y a aucun intérêt à recruter si nous ne retenons pas les gens", a-t-elle déclaré.
Pour contourner les goulots d'étranglement en matière de formation, des partenariats avec des collèges communautaires sont envisagés. Cela permettrait d'utiliser la capacité civile pour former les recrues, espérant ainsi réduire les délais d'attente.
Les membres qui quittent font état de défis liés à un rythme opérationnel élevé, à un manque d’équipement et de formation. Les départs sont souvent causés par la perception que les priorités des commandants ne sont pas alignées avec les besoins opérationnels critiques.
Le rapport souligne également le manque d'efforts pour retenir les membres expérimentés proches de la retraite. Beaucoup d'entre eux se sentent éprouvés par leurs multiples affectations géographiques.
Le rapport sur le recrutement dans les Forces canadiennes met en lumière des problèmes systémiques qui nécessitent une attention immédiate. Les efforts de recrutement doivent s'accompagner d'une réforme de la formation et de la rétention pour garantir la viabilité à long terme des Forces armées. Sans changement, la situation risque de se détériorer davantage.