
Les récents licenciements chez Amazon soulèvent des inquiétudes quant à l'impact de l'intelligence artificielle sur l'emploi. Cette situation alimente un débat sur les véritables raisons derrière ces coupes. Alors que plusieurs entreprises attribuent ces licenciements à la montée de l'IA, des experts remettent en question cette explication.
Chegg, la société d'éducation en ligne, a récemment annoncé une réduction de 45% de sa main-d'œuvre, citant les "nouvelles réalités" de l'IA. De même, Salesforce a supprimé 4 000 postes dans le service client, affirmant que des agents IA prenaient en charge ces tâches. UPS a également réduit 48 000 emplois, reliant les suppressions à l'apprentissage automatique.
Cependant, Martha Gimbel, directrice exécutive du Budget Lab à l'Université de Yale, souligne que les commentaires des dirigeants peuvent être trompeurs. Selon elle, les dynamiques spécifiques à chaque entreprise jouent un rôle crucial dans ces décisions. "Il y a une tendance réelle à réagir de manière excessive aux annonces individuelles", déclare-t-elle.
Certains groupes de travailleurs, comme les récents diplômés et les employés des centres de données, sont particulièrement vulnérables à l'adoption de l'IA. Une étude de la Réserve fédérale de St Louis a révélé un lien entre les professions à forte prévalence d'IA et l'augmentation du chômage depuis 2022.
Morgan Frank, professeur adjoint à l'Université de Pittsburgh, a étudié les risques de chômage par profession. Il a constaté que seuls les travailleurs du secteur administratif étaient touchés par le lancement de ChatGPT en novembre 2022. Pour eux, la probabilité de demander des allocations chômage a augmenté au début de 2023.
Amazon et d'autres entreprises technologiques ont embauché rapidement avant et pendant les premiers mois de la pandémie, lorsque les taux d'intérêt étaient très bas. Cette dynamique a préparé le terrain pour des réductions de personnel, distinctes de la montée de l'IA. Les experts estiment que les licenciements actuels suivent des schémas typiques de l'économie.
Gimbel souligne que la distinction entre les pertes d'emplois cycliques et celles causées par l'IA sera essentielle à long terme. Par exemple, si l'économie américaine devait entrer en récession, les emplois en ressources humaines et marketing seraient parmi les plus touchés, tout en étant également exposés à l'IA.
Amazon a confirmé son intention de supprimer environ 14 000 postes, affirmant qu'il doit être "organisé plus efficacement" pour tirer parti des opportunités offertes par l'IA. L'entreprise a récemment publié des résultats financiers dépassant les attentes, avec une augmentation des ventes de 13% d'une année sur l'autre.
Enrico Moretti, professeur d'économie à l'Université de Californie à Berkeley, note que les grandes entreprises technologiques comme Amazon sont à l'avant-garde des licenciements liés à l'IA. Néanmoins, il reconnaît que la correction après une période d'embauche robuste pendant la pandémie pourrait également expliquer ces licenciements.
Les licenciements chez Amazon et d'autres entreprises soulèvent des questions cruciales sur l'impact de l'intelligence artificielle sur l'emploi. Bien que certains secteurs soient plus vulnérables, il est important de ne pas attribuer tous les licenciements à l'IA. Les dynamiques économiques et les tendances d'embauche jouent également un rôle significatif.