La formation d'un Gouvernement de grande coalition n'est pas le seul objectif que Friedrich Merz poursuivra dans les prochains jours. Le parti d'extrême droite, Alternativa pour l'Allemagne (AfD), et le parti d'extrême gauche, Die Linke, ont réussi à créer un bloc solide dans les urnes. Ce bloc défie le cordon sanitaire établi par les partis démocratiques centristes.
Ensemble, ces deux partis détiennent 216 des 630 sièges du Bundestag, ce qui représente un peu plus d'un tiers. Cette situation leur permet d'imposer une minorité de blocage capable de bloquer les lois nécessitant une majorité des deux tiers. Cela inclut des modifications cruciales de la Loi Fondamentale, essentielles pour des réformes comme le frein à l'endettement ou l'approbation d'un fonds spécial pour la défense.
La désignation des nouveaux juges du Tribunal Constitutionnel Fédéral nécessite également une majorité qualifiée. C'est pourquoi Friedrich Merz, le futur chancelier d'Allemagne, cherche déjà des solutions pour contourner cette possible minorité de blocage. Il envisage d'utiliser la majorité du Parlement sortant pour faire avancer des réformes avant que la nouvelle configuration ne soit en place.
Merz a exprimé des préoccupations concernant l'absence de majorité pour modifier la Loi Fondamentale. Il a déclaré :
"Oui, ce qui nous inquiétait est arrivé : il y aura une minorité de blocage tant à gauche qu'à droite."
Si le Parlement sortant ne lève pas le frein à l'endettement, il sera impossible d'élargir le budget, alors que les besoins d'investissement dépassent déjà la collecte de un billion d'euros.
Friedrich Merz propose au Parti Social-Démocrate (SPD) des discussions sérieuses. Il estime que la meilleure façon de résoudre les problèmes est par l'union des deux partis principaux de droite et de gauche. Cependant, la CDU n'a pas remporté de district électoral dans l'est du pays, et un virage à gauche s'est produit à Berlin.
Les Verts et le SPD soutiennent une réforme du frein à l'endettement. Cem Özdemir, ministre fédéral de l'Agriculture, a suggéré que le Bundestag actuel approuve cette réforme. Selon lui,
"Nous pourrions négocier ce mois-ci avec le Bundestag actuel."
Merz a pris cette proposition au sérieux, sans exclure une réforme à court terme du frein à l'endettement.
Un fonds spécial pour la défense nécessite également une majorité des deux tiers et pourrait être bloqué par Die Linke et l'AfD. Bien que Die Linke n'ait pas clairement rejeté l'octroi de crédits supplémentaires, ses priorités semblent orientées vers l'infrastructure et l'éducation. Clara Bührer, porte-parole de Die Linke, a affirmé :
"Nous nous opposerons fermement à toute tentative de démantèlement des systèmes de sécurité sociale."
Le ministre-président de Thuringe, Bodo Ramelow, est ouvert à une modification de la réglementation sur le frein à l'endettement pour canaliser les investissements, mais pas pour un programme d'armement. Selon le professeur de droit constitutionnel, Alexander Thiele, il serait possible d'approuver un fonds spécial pour la défense avec l'ancien Bundestag.
Friedrich Merz exprime également des inquiétudes concernant les répercussions de la politique américaine sur l'Europe. Il souligne que l'Europe doit parler d'une seule voix sur des questions comme la politique commerciale et la défense. Alors que la coupure de la minorité de blocage reste un défi, il espère que les États-Unis s'engageront davantage en Europe. La situation politique actuelle nécessite des compromis et des discussions pour garantir la stabilité du gouvernement allemand.