Patrice-Edouard Ngaïssona, ancien président de la fédération de football de la République centrafricaine (RCA), a été reconnu coupable de 28 crimes de guerre et crimes contre l'humanité par la Cour pénale internationale (CPI). Cette décision fait suite à un procès de près de quatre ans, impliquant plus de 170 témoins et près de 20 000 éléments de preuve.
Ngaïssona, aux côtés d'Alfred Yekatom, a été accusé de coordonner des attaques contre la population musulmane de la RCA entre 2013 et 2014. Yekatom a également été reconnu coupable de 20 charges. Les juges ont prononcé leur verdict après une analyse minutieuse des preuves présentées.
La violence a dévasté la RCA pendant une grande partie de la dernière décennie. En 2013, le pays a été plongé dans le chaos lorsque des rebelles musulmans du groupe Séléka ont pris le pouvoir dans ce pays majoritairement chrétien. En réponse, des milices chrétiennes, connues sous le nom d'anti-Balaka, se sont soulevées.
Ngaïssona et Yekatom ont été condamnés pour divers crimes, notamment le meurtre, la torture et la persécution d'un groupe religieux. La poursuite a décrit un système de commandement où Ngaïssona fournissait des fonds et des instructions aux groupes anti-Balaka.
Yekatom, surnommé Rambo, aurait dirigé des combattants vers la capitale, Bangui, où des civils ont été tués. La stratégie des accusés visait à faire de tous les musulmans des cibles, les qualifiant d'ennemis de la nation.
Les accusations ont été rejetées par les deux hommes lors de leur comparution. Les médias ont rapporté qu'au moins 1 000 personnes avaient été tuées lors de violences à Bangui en décembre 2013, entraînant un exode massif de la population.
Ngaïssona, ancien coordinateur politique des forces anti-Balaka, avait été empêché de se présenter à la présidence en 2015 à cause de son rôle présumé dans ces atrocités. Il a été arrêté par les autorités françaises en décembre 2018 et transféré à la CPI en janvier 2019.
Alfred Yekatom a été élu député en 2016, malgré des sanctions des Nations Unies. Il a été arrêté en octobre 2018 après avoir tiré avec une arme à feu au parlement. Son extradition vers la CPI a marqué un tournant dans la lutte contre l'impunité en RCA.
La Fédération internationale des droits de l'homme a salué cette extradition comme un signe de l'engagement des autorités à combattre l'impunité. Cela montre que la justice peut être rendue, même dans des contextes difficiles.
La condamnation de Ngaïssona et Yekatom souligne l'importance de la justice internationale face aux atrocités commises. Alors que la RCA continue de faire face à des défis importants, ces verdicts peuvent offrir une lueur d'espoir pour les victimes et un appel à la paix dans la région.