La cession du palacete de Paris au PNV par le gouvernement a ravivé un sentiment d'aggrievement parmi de nombreuses associations civiles et syndicales. Ces organisations, qui ont joué un rôle de leadership social et laboral en Catalogne au début du XXe siècle, exigent que leur réparation ne soit plus retardée. Cela fait presque cinq décennies depuis la mort du général Francisco Franco.
Une enquête menée par l'historienne Neus Moran sur la confiscation de 741 propriétés appartenant à 455 associations en Catalogne, en Communauté Valencienne et aux Îles Baléares a relancé les demandes de plusieurs entités catalanistes. Elles souhaitent que la Loi de Mémoire Démocratique soit appliquée, afin que leurs biens soient restitués ou qu'une compensation soit accordée.
Avant l'adoption de cette loi en octobre 2022, le mouvement associatif et ouvrier n'avait pas trouvé de voies légales explicites pour récupérer leurs biens. La loi de 1998 concernant la restitution ou la compensation des biens et droits incautés n'avait pas été suffisante. Moran considère ces confiscations comme un crime de lèse-humanité, et son registre trace l'historique des propriétés depuis la fin de la Guerre Civile.
Certains biens sont toujours en possession de l'État, d'autres ont été transférés à des corporations locales, tandis que d'autres ont été vendus aux enchères avant le retour de la démocratie. La Fédération des Ateneos de Catalogne (FAC) a commencé sa lutte pour la restitution en 2015, anticipant un processus long et coûteux.
De nombreuses entités emblématiques de la société civile durant la IIe République n'ont pas survécu au franquisme. Par exemple, la Mutua Escolar Blanquerna, fondée en 1924, a vu sa demande de restitution rejetée en 1993. En revanche, l'Ateneo Obrero de Sant Andreu de Palomar, fondé en 1885, a réussi à récupérer son bâtiment en 1988 après avoir été sous la domination de la Falange.
Ces luttes sont représentatives d'un plus large mouvement pour réparer les injustices historiques. Une vingtaine d'entités sociales et culturelles a demandé au gouvernement la restitution des biens expropriés. Elles réclament la création d'un Fonds culturel pour compenser les entités disparues, soulignant l'oubli de la Generalitat envers les victimes de la répression fasciste.
En juin dernier, le ministère de la Culture, dirigé par Ernest Urtasun, a commencé à élaborer un inventaire des fonds issus des confiscations durant la guerre et la dictature. L'objectif est de retourner aux légitimes propriétaires tous les biens identifiables. Cette initiative marque un pas vers la réparation des injustices passées.
La recherche a identifié divers objets, tels que des vaisselles, des bijoux et des vêtements, qui avaient été confisqués. Ce processus est crucial pour rétablir la mémoire et la justice, permettant ainsi aux victimes et à leurs descendants de retrouver une partie de leur héritage.
Les luttes pour la restitution des biens confisqués durant le franquisme continuent de mobiliser de nombreuses associations. Ces efforts soulignent l'importance de la mémoire historique et de la justice sociale. Alors que des actions récentes du gouvernement montrent une volonté de réparer ces injustices, le chemin reste long et semé d'embûches pour les victimes et leurs héritiers.