Le cas tragique de Lina soulève des questions cruciales sur l'efficacité des systèmes de protection contre la violence domestique en Espagne. Malgré une évaluation de risque moyen par l'algorithme VioGén, Lina a été tuée. Ce drame met en lumière les lacunes de cette technologie censée protéger les femmes.
En janvier 2025, Lina a contacté la police après avoir été menacée par son ex-partenaire dans la ville côtière de Benalmádena. Ce dernier avait prétendument levé la main pour l'agresser. Son cousin Daniel se souvient : "Il y avait eu des épisodes de violence - elle avait peur."
Lors de son passage au commissariat, son cas a été enregistré dans le système VioGén, qui évalue la probabilité de récidive. L'algorithme pose 35 questions sur la nature des abus, l'accès de l'agresseur aux armes et l'état mental de ce dernier. Au terme de cette évaluation, Lina a été classée comme étant à risque moyen.
Lina a demandé une ordonnance de protection auprès d'un tribunal spécialisé en violence de genre à Malaga, mais sa demande a été refusée. "Lina voulait changer les serrures de son domicile pour vivre en paix avec ses enfants", raconte son cousin. Malheureusement, trois semaines plus tard, elle a été retrouvée morte.
Son ex-partenaire aurait utilisé sa clé pour entrer chez elle, et la maison a été incendiée. Alors que ses enfants et sa mère ont pu s'échapper, Lina n'a pas eu cette chance. Son fils de 11 ans a déclaré à la police que c'était son père qui avait tué sa mère.
VioGén n'a pas réussi à prédire avec précision la menace pesant sur Lina. Bien qu'elle ait été classée à risque moyen, le protocole exigeait un suivi dans les 30 jours. Malheureusement, Lina était déjà décédée. Si elle avait été classée à risque élevé, un suivi aurait eu lieu dans la semaine.
Des outils similaires existent en Amérique du Nord et en Europe. Au Royaume-Uni, des forces de police utilisent DARA et DASH pour évaluer le risque de violence domestique. Cependant, seul le système VioGén est intégré de manière aussi étroite dans les pratiques policières espagnoles.
Le juge Maria del Carmen Gutiérrez, en charge des affaires de violence de genre à Malaga, a déclaré que pour obtenir une ordonnance de protection, il faut des preuves de crime et une menace sérieuse. "VioGén est un élément que j'utilise pour évaluer ce danger", précise-t-elle.
Cependant, elle admet que des ordonnances peuvent être émises même lorsque VioGén évalue le risque comme négligeable. Cela soulève des questions sur l'impact de l'évaluation sur les décisions judiciaires concernant la protection des femmes.
La mort de Lina met en lumière les failles du système VioGén et la nécessité d'une réévaluation des outils de protection. Les critiques soulignent que la sécurité totale n'existe pas et que la responsabilité ultime incombe à l'agresseur. La communauté de Benalmádena a rendu hommage à Lina, mais il reste essentiel de garantir la sécurité des femmes face à la violence domestique.