Le gouvernement de Pedro Sánchez a subi trois revers consécutifs en seulement cinq heures, ternissant ainsi l'image de l'Espagne à Bruxelles. Le premier revers est pour l’instant une simple menace, tandis que les deux autres sont devenus des réalités.
À 12h30, Olof Hill, le porte-parole des Services Financiers à la Commission Européenne, a déclaré que Bruxelles « prend note et analyse » la décision du gouvernement d'imposer des conditions à la fusion de BBVA et Sabadell. Il a rappelé que seul un interventionnisme « justifié et proportionné » par l'intérêt général est généralement accepté.
Hill a également mentionné que la Commission Européenne utiliserait son pouvoir pour éliminer toute restriction injustifiée au marché unique. Malgré les prévisions du ministre de l'Économie, Carlos Cuerpo, la décision du Conseil des ministres du 24 octobre n'a pas été validée jusqu'à présent.
À 14h30, le ministère de l'Économie a officiellement annoncé le retrait de la candidature de Cuerpo pour présider le Eurogroupe. Bien que Cuerpo ait reçu « de nombreux soutiens », il n'a pas réussi à obtenir les 11 voix nécessaires pour remplacer l'Irlandais Paschal Donohoe. Cette situation a mis à mal l'image d'un gouvernement prétendument durable.
Comme l’a rapporté ce journal le 22 octobre, Donohoe avait déjà sécurisé au moins neuf voix. De plus, les ministres socialistes étaient divisés entre la candidature de Cuerpo et celle du Lituanien Rimantas Sadzius. Sánchez a ainsi sacrifié Cuerpo pour une distraction éphémère.
Le ministre portugais Joaquim Miranda a apporté son soutien à Donohoe en milieu de matinée. Cela s'inscrit dans un pacte non écrit entre les pays ibériques de se soutenir dans les nominations internationales, même si leurs gouvernements sont de signes différents. Miranda a choisi de soutenir le candidat gagnant plutôt que de participer à un marketing stérile.
Malheureusement, l'Espagne ne parvient toujours pas à présider l'Eurogroupe, et le gouvernement de la quatrième économie de la zone euro est loin d'atteindre les votes nécessaires pour rivaliser avec l'Irlande.
À 17h30, le ministère de l'Économie a annoncé que « la Commission Européenne approuve le cinquième versement du Plan de Récupération de l'Espagne pour 24,137 milliards d'euros ». Cependant, la Commission a rapidement corrigé ce montant à « 23,000 millions », soit une réduction de 1,100 millions d'euros.
Cette différence s'explique par le fait que Bruxelles considère que l'Espagne n'a pas respecté son engagement d'augmenter la fiscalité sur le diesel. De plus, la digitalisation des entités régionales et locales n'a pas été mise en œuvre, entraînant le blocage de 500 millions d'euros, une des plus grandes congélations de fonds en raison d'un manquement jusqu'à présent.
En l'espace de quelques heures, l'Espagne a connu des revers significatifs qui pourraient avoir des répercussions durables sur sa position en Europe. La situation actuelle met en lumière les défis auxquels fait face le gouvernement de Pedro Sánchez dans un contexte économique et politique difficile.