Pour Jean-Noël Barrot, le ministre français des Affaires étrangères, le dernier paquet de sanctions vise à exercer une pression sur Vladimir Poutine. Cela doit l'inciter à se rendre à la table des négociations concernant l'Ukraine. En près de trois ans, l'Union Européenne a déjà mis en place 15 paquets de sanctions.
Ces sanctions ciblent des individus et des entités en Russie, avec pour objectif de frapper l'économie russe et d'affaiblir sa machine de guerre. Ce mercredi, les ambassadeurs des 27 États membres ont ajouté un 16e paquet, qui sera formellement adopté lundi prochain par les ministres des Affaires étrangères de l'UE.
Ce nouveau paquet inclut une interdiction d'importer de l'aluminium russe. En effet, les importations avaient déjà chuté de 35 % en 2023, et cette tendance se poursuit en 2024. Selon European Aluminium, ce secteur a rapporté près de 1,25 milliard d'euros à la Russie en 2023.
En plus de l'aluminium, certaines minéralisations comme le chrome sont également concernées par cette interdiction. Ces mesures visent à réduire les revenus de la Russie, qui sont cruciaux pour le financement de son effort de guerre.
Un autre aspect des sanctions cible 73 nouveaux pétroliers « fantômes » utilisés par Moscou pour contourner les sanctions existantes. Ces navires, souvent vétustes, opèrent principalement en mer Baltique. Leur nombre a considérablement augmenté depuis l'invasion de l'Ukraine.
Un rapport de l'École d'économie de Kiev indique que 430 navires composent cette flotte à l'échelle mondiale. En réponse, l'UE a plafonné le prix du pétrole pour asphyxier l'économie russe, qui génère 100 milliards d'euros par an grâce à ses exportations pétrolières.
Les sanctions touchent également des personnes dont les avoirs ont été gelés, ainsi que 13 banques russes qui seront déconnectées du système financier Swift. Ce système facilite les transactions internationales, et sa déconnexion représente un coup dur pour l'économie russe.
Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a souligné l'importance de maintenir la pression sur le Kremlin. Jean-Noël Barrot a affirmé que l'objectif est de forcer Poutine à négocier, car la paix ne pourra être obtenue que par la pression.
Malgré ces sanctions, le gouvernement russe annonce une croissance du PIB de 4,1 % en 2024. Le Premier ministre, Mikhaïl Michoustine, a déclaré que cela dépasse les attentes, ce qui soulève des questions sur l'efficacité des sanctions.
Les exportations russes se redéploient vers d'autres marchés, notamment l'Inde, la Chine et la Turquie, souvent avec des rabais conséquents. Les experts estiment que cette croissance est en grande partie due à l'effort de guerre et à l'épargne domestique.
Les sanctions de l'UE visent à affaiblir l'économie russe et à forcer Poutine à négocier. Cependant, l'annonce d'une croissance du PIB en Russie remet en question leur efficacité. La situation reste complexe et les conséquences des sanctions continueront d'évoluer dans les mois à venir.