
Il y a un an, la Audiencia Provincial de Madrid a condamné l'ancien vice-président du gouvernement, Rodrigo Rato, à quatre ans, neuf mois et un jour de prison. Cette condamnation est le résultat de trois délits contre la Hacienda Pública, d'un délit de blanchiment d'argent et d'un délit de corruption entre particuliers. Le travail de la fiscal Anticorrupción, Elena Lorente, a été déterminant pour parvenir à cette sentence.
Cette décision a suivi un procès « long et difficile » pour Lorente, qui a dû faire face aux attaques répétées de Rato. Ce dernier a même osé lui dire : « Le respect se gagne ! » lors des audiences. Aujourd'hui, Lorente est également impliquée dans l'enquête sur le sauvetage de la compagnie aérienne Plus Ultra.
Actuellement, Lorente dirige les recherches du Juzgado de Instrucción Número 15 de Madrid concernant un possible blanchiment des fonds du sauvetage de Plus Ultra. Ce blanchiment serait lié à une organisation criminelle associée au Venezuela. Selon des sources fiscales, elle a déposé une plainte à la Audiencia Nacional, qui a été rejetée en novembre 2024 pour des raisons de compétence.
Dans cette plainte initiale, la fiscal Anticorrupción avait déjà souligné l'utilisation présumée abusive des aides publiques espagnoles. Plus Ultra a reçu des millions le 9 mars 2021, via le Conseil des ministres, en tant que signataire et bénéficiaire de prêts avec des sociétés liées à l'organisation criminelle.
Malgré le rejet initial de sa plainte, Lorente a poursuivi son enquête, grâce à l'ouverture d'une diligence d'investigation par son supérieur, le fiscal chef Alejandro Luzón. Elle a agi avec une grande discrétion jusqu'à ce qu'elle décide de déposer une nouvelle plainte, entraînant la réouverture de l'affaire au Juzgado Número 15 de Plaza de Castilla à Madrid.
La semaine dernière, la Policía Nacional a arrêté plusieurs personnes, dont le président de Plus Ultra, Julio Martínez Sola, et son directeur exécutif, Roberto Rosellini. Ils ont été libérés le samedi suivant avec des mesures cautélaires.
Les autorités examinent les prêts que la compagnie a sollicités auprès de sociétés off-shore basées en Suiza et au Royaume-Uni. Ces prêts, selon la Fiscalía, ont été remboursés avec des fonds du sauvetage de 53 millions d'euros accordés par le gouvernement espagnol. Plus Ultra a demandé ces prêts entre 2020 et 2021 pour un montant total de 1,3 million d'euros.
Les investigations ont révélé que l'un des entrepreneurs arrêtés, ayant des intérêts au Venezuela, était client de l'agence de communication Whathefav, dirigée par les deux filles de l'ancien président José Luis Rodríguez Zapatero. Ce dernier, très lié au régime vénézuélien, aurait plaidé en faveur du sauvetage de la compagnie aérienne après la crise de la pandémie.
Cette affaire met en lumière des enjeux complexes autour de l'utilisation des fonds publics et des liens entre le secteur privé et les institutions politiques. Le travail de la fiscal Elena Lorente est crucial pour faire la lumière sur ces pratiques. Les développements futurs pourraient avoir un impact significatif sur la perception de la corruption en Espagne.