La direction de Nestlé Waters a récemment révélé avoir découvert, fin 2020, l'utilisation de traitements interdits sur ses sites de Perrier, Hépar et Contrex. Cette affaire, mise en lumière par la presse au début de 2024, soulève des questions graves concernant la transparence et la responsabilité des acteurs impliqués.
La commission d'enquête sénatoriale a souligné une dissimulation par l'État, qualifiée de stratégie délibérée. Selon le rapport, cette situation a été abordée lors d'une réunion interministérielle en octobre 2021. Malgré le temps écoulé, la transparence sur ce sujet reste insuffisante.
Le rapport, rendu public après six mois de travaux, met en lumière le manque de transparence de Nestlé Waters et de l'État. Les autorités locales et européennes n'ont pas été correctement informées, ce qui soulève des inquiétudes quant à la gestion des ressources en eau minérale.
Nestlé Waters a informé le gouvernement en 2021 de l'utilisation de traitements litigieux. Dix-huit mois plus tard, un plan de transformation a été approuvé, remplaçant ces traitements par une microfiltration fine. Cependant, cette solution est controversée, car elle pourrait affecter les caractéristiques de l'eau minérale.
Le rapport souligne que malgré la fraude aux consommateurs, les autorités n'ont pas engagé de poursuites judiciaires. De plus, la préfecture du Gard a récemment exigé le retrait du système de microfiltration dans un délai de deux mois.
Les sénateurs ont exprimé leur inquiétude face à une inversion de la relation entre l'État et les industriels. Nestlé Waters semble adopter une attitude transactionnelle, conditionnant l'arrêt de traitements illégaux à l'autorisation de la microfiltration à 0,2 micron.
Le rapport critique les échecs de l'interministériel et le travail en silo, en écartant certains ministères de la discussion. La décision d'autoriser la microfiltration a été prise au plus haut niveau de l'État, sans que la Première ministre, Élisabeth Borne, ne soit informée.
Malgré les révélations, Nestlé a pu continuer à commercialiser son eau sous l'appellation lucrative d'« eau minérale naturelle ». Actuellement, il n'existe pas de vérifications exhaustives concernant l'absence de traitements interdits sur tous les sites de production.
La commission a formulé 28 recommandations, incluant un suivi qualitatif des nappes et un meilleur étiquetage pour les consommateurs. Cela vise à assurer une meilleure transparence et à protéger les consommateurs.
Cette affaire soulève des questions cruciales sur la transparence et la responsabilité des entreprises et de l'État dans la gestion des ressources en eau. Les recommandations de la commission d'enquête pourraient être un pas vers une meilleure régulation et un respect accru des normes en matière d'eau minérale.