Située dans les collines du centre du Chili, la Villa Baviera est un endroit pittoresque, mais son histoire est sombre. Autrefois connue sous le nom de Colonia Dignidad, cette localité a abrité une secte religieuse où se sont déroulées des humiliations et des abus sur des enfants. Le contraste entre le cadre idyllique et les atrocités passées est frappant.
En juillet, le gouvernement chilien a annoncé un décret d’expropriation partielle de ces terres pour honorer les victimes de la dictature de Pinochet. Ce projet suscite des débats parmi les résidents de la Villa Baviera, où moins de 100 adultes tentent de se réapproprier ce lieu chargé de souvenirs douloureux.
Certains anciens résidents souhaitent tourner la page, tandis que d’autres craignent que ce projet ne ravive des blessures anciennes. La division des opinions montre à quel point le passé de ce lieu continue d’affecter ses habitants.
Fondée en 1961 par le pasteur Paul Schäfer, la Colonia Dignidad était un lieu de souffrance. Les enfants y étaient séparés de leurs parents et soumis à un régime de travail dès leur plus jeune âge. Les abus sexuels étaient courants, laissant des séquelles indélébiles.
Après le coup d’État de 1973, de nombreux opposants au régime militaire ont été torturés dans ce lieu. Schäfer a réussi à échapper à la justice pendant des années avant d’être arrêté en 2005 et condamné à 33 ans de prison, où il est mort en 2010.
Certains anciens résidents, comme Dorothee Munch, s’opposent à l’expropriation, affirmant qu’ils reconstruisent leurs vies. Elle rappelle les conditions de vie difficiles, marquées par la peur et l’humiliation. Pour elle, cette expropriation pourrait raviver des traumatismes.
En revanche, d’autres, comme Georg Klaube, plaident pour que ce lieu devienne un espace de mémoire. Klaube évoque ses souffrances, appelant à ériger un mémorial pour ne pas oublier les atrocités commises. Son témoignage met en lumière la nécessité de reconnaître ce passé pour avancer.
Le ministre de la Justice, Gajardo, insiste sur l'importance de ne pas laisser ces horreurs sombrer dans l'oubli. Une fois que l'État aura pris possession de la Villa Baviera, il sera possible d'en faire un espace de mémoire. Cela permettra aux Chiliens de se souvenir et de réfléchir sur les atrocités qui s'y sont déroulées.
Ce projet vise à garantir que de tels crimes ne se reproduisent plus jamais. La transformation de ce lieu symbolique pourrait offrir une opportunité de réconciliation et de guérison pour les victimes et leurs familles.
La Villa Baviera, avec son histoire troublante, représente un défi pour la société chilienne. Alors que le gouvernement envisage de transformer ce site en un espace de mémoire, les opinions divergent parmi ceux qui l’ont connu. La lutte pour la reconnaissance et la guérison continue, soulignant l'importance de ne jamais oublier le passé.