Le secteur agroindustriel en Espagne est actuellement en état d'alerte face à l'annonce du président américain Donald Trump concernant l'imposition de tarifs douaniers de 20 % sur les produits exportés vers les États-Unis. Cette situation n'est pas nouvelle, mais elle est plus généralisée que lors de sa première législature. En effet, les produits comme les olives noires, le vin et l'huile d'olive ont déjà subi de lourdes pertes.
Les premières estimations indiquent que les pertes pourraient atteindre 1 milliard d'euros par an, uniquement pour l'huile d'olive et le vin. Pedro Barato, président d'Asaja, qualifie cela de "véritable barbarie". D'autres acteurs du secteur, comme Miguel Padilla de COAG, soulignent que ces mesures ne profiteront à personne et sont considérées comme une irresponsabilité suprême.
Les produits les plus affectés comprennent les fromages, qui pourraient voir leur tarif passer de 10 % à 30 %. Les légumineuses sont également concernées. Les agriculteurs s'inquiètent de la spéculation sur les prix et de l'impact de ces tarifs sur la chaîne agroalimentaire. Padilla insiste sur le fait qu'il est inacceptable de désorganiser ce qui était déjà organisé.
Les États-Unis représentent le premier marché hors Europe pour les produits alimentaires espagnols, avec des ventes atteignant 3,5 milliards d'euros. Parmi ceux-ci, environ 1 milliard d'euros provient de l'huile d'olive, le produit agroalimentaire le plus exporté vers ce pays.
La Fédération Espagnole du Vin (FEV) a appelé à redoubler d'efforts pour trouver une solution négociée avant l'entrée en vigueur des tarifs. Selon leur communiqué, ces mesures représentent un coup dur pour les bodegas espagnoles, surtout pour celles qui exportent des vins effervescents.
José Luis Benítez, directeur général de la FEV, a déclaré que ces tarifs sont "totalement injustifiés" pour le vin, étant donné que la différence de tarifs entre l'UE et les États-Unis est minimale. Il a également souligné que le marché américain est essentiel pour la durabilité économique du secteur vitivinicole.
Rafael Pico, représentant d'Asoliva, a exprimé des préoccupations quant aux détails de ces tarifs. Il est crucial de savoir si les tarifs s'appliqueront à tous les types d'emballage et de qualité. Actuellement, le marché américain est considéré comme irremplaçable, représentant 50 % de la consommation mondiale hors UE.
Les ventes d'huile d'olive aux États-Unis ont atteint 1,013 milliard d'euros, représentant plus d'un quart des exportations agroalimentaires. Pico souligne que le secteur a investi massivement pour s'assurer que ses produits soient exportés dans les meilleures conditions, et tout cela est désormais en péril.
Les olives noires espagnoles subiront une hausse des tarifs, passant de 35 % à 55 %. Antonio Mora, de l'Association des Exportateurs d'Olives de Table, a averti que cela pourrait rendre la situation insoutenable pour le secteur. Les concurrents comme la Turquie et le Maroc bénéficient de tarifs beaucoup plus bas.
Avant l'imposition des tarifs, l'Espagne exportait 40 % de sa production d'olives noires vers les États-Unis. Cependant, ces chiffres ont chuté de manière significative, et des pertes de 280 millions d'euros sont attendues d'ici fin 2024.
La situation actuelle du secteur agroalimentaire espagnol face aux nouveaux tarifs douaniers est critique. Les acteurs du secteur demandent une réaction forte de l'UE et du gouvernement espagnol pour protéger leurs intérêts. Les conséquences économiques de ces mesures sont encore difficiles à évaluer, mais elles risquent d'affecter gravement la compétitivité et la stabilité du secteur.