
Grâce à cette colonne, j'ai redécouvert l'un des trésors les plus éblouissants d'Internet. La série Reflexions de Repronto est une web-série composée de 96 chapitres, enregistrée entre 2007 et 2021. Ces chiffres sont encore plus impressionnants quand on considère la profondeur, l'humour et le virtuosité de chaque monologue de Raúl Minchinela.
Minchinela a imaginé ce que serait le personnage de Ramón Gómez de la Serna s'il avait passé sa vie devant la même télévision que nous. À une époque, les Reprontos faisaient partie du paysage pour une certaine tribu, avant que les réseaux sociaux ne mélangent tout le monde. Raúl était notre youtubeur avant l'existence de YouTube.
La série est disponible, parfaitement organisée, sur le domaine minchinela.com. Bien que nous prenions le même temps qu'il y a 18 ans pour cliquer sur le lien, la distance entre l'Internet quotidien, dominé par quelques applications, et les sites web artisanaux, n'a cessé de croître. Aujourd'hui, trouver des pépites d'or en dehors des suggestions d'algorithmes est aussi difficile que de dénicher un commerce familial sur la Gran Vía.
Il est essentiel de souligner que cette fracture numérique rend l'accès à des contenus authentiques de plus en plus rare. Le défi est de naviguer dans un océan d'informations pour découvrir des joyaux cachés.
Le Repronto que je souhaitais revoir est le numéro 34, juste avant Analepsis. Ce numéro est un acte de magie et de chulería, un texte qui se transforme en un autre, avec un sens complètement différent grâce à un montage astucieux. Mon intention initiale était d'écrire sur South Park, une série née aussi sauvage que certaines bandes punk ou films underground.
South Park, étant la seule série à rester au sommet sous un contrat milliardaire, soulève des questions sur la nature même de la contracultura. Est-ce qu'une série peut encore revendiquer ce titre dans un contexte de monopole culturel ?
En revenant à South Park, j'ai compris que son mystère réside dans sa plus grande contradiction. C'est la seule série de fiction qui dialogue avec l'actualité à la vitesse d'un informations hebdomadaires, ce qui, en théorie, devrait la condamner à l'obsolescence. Pourtant, elle ne vieillit pas.
La haute culture, que nous vénérons, aspire à l'éternité, tandis que la basse culture, celle qui nous embarrasse, naît pour mourir rapidement. La contracultura, comme South Park et Reflexions de Repronto, ne perd pas de temps à réfléchir à ces questions.
En somme, ces œuvres représentent ce que nous méritons. Elles nous invitent à réfléchir sur notre relation avec la culture et les médias. Dans un monde où l'authenticité devient rare, ces séries rappellent l'importance de la créativité et de l'innovation.