Vox a connu un tournant significatif en juin dernier. Le gouvernement a intensifié la polarisation pour sortir son électorat de la dépression. Pendant ce temps, le Parti Populaire a gaspillé l'élan démographique du cas Ábalos avec une rétorique contemplative et une incompétence face à un désastre naturel.
L'arrivée d'Alberto Núñez Feijóo à la tête de Génova a apporté une certaine stabilité à l'organisation. Cependant, cela a également révélé un défaut majeur : la croyance que le PP pouvait rester une machine à votes efficace en restant immobile. Cette inertie, qui a nourri Mariano Rajoy, profite aujourd'hui à Vox, car le PP ne gère rien.
Gagner au XXIe siècle avec des stratégies du XXe siècle est un défi. Les institutions, la stabilité et les consensus ne rémunèrent plus comme avant. Les partis qui avancent, ici et à l'étranger, sont ceux qui proposent des positions claires et des transformations sociales, même si ces dernières sont parfois mal orientées.
Feijóo a élargi les discours du PP, qui ne se limite plus aux baisses d'impôts et aux réductions de dépenses publiques. Le parti s'est aventuré dans le domaine de l'immigration. La proposition qui lie la population musulmane à la criminalité peut sembler une improvisation pour réduire l'espace de Vox, mais elle est en réalité discutée depuis des années par les think tanks du parti.
Malheureusement, cette proposition repose sur des stéréotypes basés sur l'origine et la religion. Le système de points de permis de conduire, par exemple, illustre cette tendance à catégoriser les individus. Une telle initiative, typique de Junts et de Vox, est en contradiction avec la tradition de la démocratie chrétienne.
Le PP a émergé dans la politique du XXIe siècle, celle du populisme, à travers la discrimination. Sa proposition est plus xénophobe que ce que ses dirigeants souhaitent admettre. Cela rend leur explication et défense difficile. En revanche, cela les rapproche des codes de leurs adversaires, qui déclarent de plus en plus la guerre à un ennemi interne.
Il y a des années, Pedro Sánchez a transformé le PSOE en un parti vertical autour d'un leader charismatique, annihilant le débat interne. Son comportement rappelle celui des gouvernements latino-américains anti-système, bien qu'il soit contraint par l'État de droit européen.
Les tensions politiques actuelles mettent en lumière une dynamique complexe. Vox, en tant que sucursal de Trump en Espagne, illustre cette tendance croissante. Le PP a encore un long chemin à parcourir pour rivaliser avec le PSOE ou Vox. Cependant, le populisme, une fois commencé, peut rapidement évoluer. Un jour, on désigne les immigrants, et le lendemain, on s'attaque aux droits des femmes. La vigilance est de mise.