Espadas en alto entre la Grèce et l'Égypte pour le monastère habité le plus ancien du monde, celui de Sainte-Catherine au Sinaï

Conflit autour du Monastère de Sainte-Catherine

Le monastère de Sainte-Catherine, situé dans le désert du Sinaï, est le plus ancien monastère habité au monde. Depuis le VIe siècle, il est un lieu de pèlerinage important. Récemment, il est au cœur d'un conflit entre la Grèce et l'Égypte, suite à une décision judiciaire qui a attribué les terres du monastère à l'Égypte. Cette décision a suscité de vives réactions à Athènes.

Le ministre grec des Affaires étrangères, Yorgos Gerapetritis, s'est rendu à Le Caire pour discuter de cette situation avec son homologue égyptien. Les deux parties ont convenu de préserver le statut de ce site chrétien emblématique, qui abrite une bibliothèque comparée à celle du Vatican.

Les enjeux du patrimoine religieux

Le monastère est géré par l'Église orthodoxe grecque et possède une valeur historique inestimable. Il est célèbre pour ses manuscrits anciens et ses mosaïques de style byzantin. Les deux pays ont exprimé leur volonté de collaborer pour protéger les droits du monastère et son statut légal.

Le représentant égyptien a affirmé que la décision judiciaire préserve le prestige religieux du monastère. Les moines peuvent continuer à vivre sur place et accéder aux lieux historiques, malgré les incertitudes géopolitiques qui entourent la région.

La réaction des moines

Face à cette incertitude, les moines ont décidé de fermer leurs portes. Ce lieu de pèlerinage attire des fidèles du monde entier, mais la situation actuelle suscite des inquiétudes. En 2017, un attentat du Etat Islamique a frappé la région, ajoutant à la tension.

Souhail Lawand, historien chrétien, souligne qu'Athènes craint que cette décision ne transforme le monastère en musée pour touristes. De plus, seul l'abbé, l'archevêque Damianos, possède la nationalité égyptienne, ce qui complique la situation.

Les implications de la décision judiciaire

La décision judiciaire a également ravivé des craintes concernant un projet touristique lancé par le président égyptien Al Sisi en 2021. Ce projet vise à transformer la région en un grand centre touristique, ce qui pourrait menacer l'intégrité du monastère. Le ministre égyptien des Affaires étrangères a cependant assuré que cela n'affecterait pas Sainte-Catherine.

Maria Luz Mangado, égyptologue, note que la situation actuelle est préoccupante. Elle rappelle que le monastère a toujours bénéficié d'une certaine autonomie et a bien fonctionné au fil des siècles. Selon elle, il est crucial de trouver un terrain d'entente pour préserver ce site historique.

Un patrimoine commun

Le monastère de Sainte-Catherine a une histoire riche, remontant à l'époque de Sainte Hélène, la mère de l'empereur Constantin. Au fil des siècles, il a été soutenu par des monarques européens et a joué un rôle clé dans l'histoire chrétienne.

Maria Luz Mangado souligne l'importance de la bibliothèque du monastère, qui contient des manuscrits dans plusieurs langues anciennes. Elle évoque également le lien du monastère avec l'islam, ce qui en fait un site d'entente entre les trois grandes religions monothéistes. Si les craintes entourant le monastère se confirment, cela pourrait avoir des répercussions significatives.

Conclusion

Le monastère de Sainte-Catherine représente un héritage commun pour l'humanité. Les tensions entre la Grèce et l'Égypte soulignent l'importance de protéger ce site historique. Il est essentiel que les deux pays travaillent ensemble pour préserver cette richesse culturelle et spirituelle, garantissant ainsi un avenir serein pour le monastère et ses moines.