Sur cette photographie, on peut apercevoir un bébé singe hurleur s'agrippant au dos d'un Capucin adulte. Ce phénomène a suscité des interrogations sur les motivations derrière ce comportement. Des scientifiques ont observé que de jeunes mâles capucins kidnappent des bébés singes hurleurs, ce qui semble être un premier exemple d'enlèvements inter-espèces sans raison apparente.
La doctorante Zoë Goldsborough a détecté ce comportement en 2022 en analysant des films pris par des caméras à détecteur de mouvement sur l'île Jicaron, au large du Panama. Elle a été très choquée de voir un capucin à face blanche portant un bébé singe hurleur sur son dos. Cette observation a ouvert la voie à une étude approfondie sur ce phénomène.
Affublé du nom de Joker, en raison d'une cicatrice à la bouche, le capucin a été identifié à plusieurs reprises avec différents bébés singes hurleurs. Au début, les chercheurs pensaient à une adoption inhabituelle. Cependant, d'autres cas ont été découverts, impliquant cinq capucins portant onze bébés singes hurleurs sur une période de quinze mois.
Les chercheurs ont été perplexes car les capucins ne semblaient pas vouloir manger les bébés. Ils ont alors réalisé que ces enlèvements pourraient être une tradition sociale parmi les jeunes mâles capucins. Cela soulève des questions sur les motivations et les conséquences de ce comportement.
Cette tradition a un coût, car quatre bébés singes hurleurs ont été retrouvés morts. Les chercheurs s'interrogent sur le mode opératoire des kidnappeurs. Il semble que les capucins agissent sans discernement, en enlevant des bébés très jeunes, parfois âgés d'un ou deux jours, sans causer de dommages apparents.
Cette étude est la première à documenter un tel comportement d'enlèvements répétés entre espèces. Les scientifiques continuent d'observer ces capucins pour mieux comprendre cette dynamique sociale et ses implications.
Des comportements similaires ont été observés chez d'autres animaux. Par exemple, des capucins au Costa Rica avaient développé une mode d’épouiller des porcs-épics. De même, dans les années 1980, des orques exhibaient des saumons morts sur leurs têtes. Ces comportements montrent que la tradition sociale n'est pas unique à cette espèce.
Les chercheurs se sont intéressés aux capucins de Jicaron en raison de leur capacité à utiliser des pierres pour ouvrir des noix. Sans prédateurs et avec une ressource alimentaire abondante, ces singes ont beaucoup de temps libre, ce qui pourrait favoriser des comportements exploratoires.
En conclusion, le comportement des capucins sur l'île Jicaron soulève des questions fascinantes sur la nature sociale des animaux. Bien que ces enlèvements puissent sembler étranges, ils pourraient être le reflet d'une tradition sociale plus large. Les chercheurs continuent d'explorer ces comportements pour mieux comprendre les dynamiques inter-espèces et les implications pour les singes hurleurs, qui sont classés comme espèce en danger.