
Au lieu-dit Poulvennig, dans la commune de Locmaria-Plouzané (Finistère), se trouvent des champs à perte de vue. C'est ici, à l'intersection de la route de Goulven et de celle menant au menhir de quartz blanc de Kéréven, que reposent les vestiges d'une petite histoire dans la grande. En effet, le corps d'un soldat allemand, mort en 1944 durant le Siège de Brest, reste non identifié. Cette histoire fait actuellement le tour du monde, grâce à un historien amateur.
Éric Le Corre, passionné par sa commune, est épaulé par l'association Locmaria Patrimoine, présidée par Janick Bodénès. Depuis 2020, il s'acharne à exhumation du corps. « Il faut rendre ce corps aux siens, c’est évident. Il n’est plus question d’ennemi, mais de respect des morts à la guerre », souligne-t-il avec conviction.
Éric Le Corre a passé des années à recueillir la parole et la mémoire des anciens. Une anecdote l'a particulièrement marqué : entre 1960 et 1965, une voiture allemande a été aperçue près du champ de Poulvennig. Une famille est venue chercher le corps d'un Allemand tué pendant la guerre. Malheureusement, leurs recherches furent vaines, car elles ont fouillé dans le mauvais champ.
La famille n'a laissé aucune trace, ni auprès des propriétaires des fermes environnantes, ni à la mairie. Cependant, Éric Le Corre a réussi à localiser le corps avec précision. Il raconte : « Il fut abattu — probablement — le 29 août 1944. Trois Allemands en voiture passaient par un chemin entre les champs, quand les Américains, situés à proximité, ont ouvert le feu. »
Après avoir effectué tout le travail de recherche nécessaire, notamment en obtenant l’autorisation d’exhumation, Éric Le Corre attend désespérément une réponse. « J’ai interrogé toutes les autorités compétentes en France », explique-t-il. Malheureusement, ses demandes l'ont systématiquement dirigé vers le cimetière de Lesneven, où des soldats allemands sont déjà enterrés.
Il a également contacté plusieurs organisations, comme l'association humanitaire Volksbund, chargée de la recherche et de l'inhumation des victimes de guerre allemandes. Malgré ses efforts, il n'a jamais reçu de retour. Éric Le Corre reste déterminé : « Je ne suis pas le seul en France à vouloir aider ces familles. Il est crucial que le processus soit connu et simplifié, par respect pour ces soldats. »
Cette quête pour retrouver l'identité du soldat allemand est bien plus qu'une simple recherche historique. C'est un appel à la mémoire et à la dignité des victimes de guerre. Éric Le Corre et son association travaillent sans relâche pour que ce corps soit enfin rendu à sa famille, pour que son histoire ne soit pas oubliée.
La passion et la détermination d'Éric Le Corre soulignent l'importance de respecter la mémoire des soldats, peu importe leur nationalité. La guerre crée des histoires tragiques, et chaque effort pour honorer ces histoires mérite d'être salué.
La lutte d'Éric Le Corre pour l'exhumation du soldat allemand à Poulvennig illustre la complexité des mémoires de guerre. Son engagement démontre qu'il est essentiel de respecter la mémoire des disparus, au-delà des conflits. En continuant ses recherches, il espère apporter une réponse à une famille en quête de paix.