Le melodrame, dans son sens le plus courant, est une forme d'art qui touche à l'intime. Sa force réside dans la description minutieuse de l'exagéré. Ce qui le définit, ce n'est pas seulement l'exagération, mais aussi la duplication des émotions. Douglas Sirk, un maître du genre, affirmait que le melodrame est comme un miroir, où l'identité se déploie.
Dans le melodrame, le monde entier devient une représentation théâtrale. L'autoconscience permet à la réalité de se refléter, créant ainsi une ironie excessive. Ce phénomène est omniprésent dans The History of Sound, qui, tout en le niant, en fait preuve d'une passion presque mélodramatique.
Cette œuvre vise à atteindre un niveau de sous-entendu à travers des interprétations mesurées. Les performances de Paul Mescal et Josh O'Connor, deux acteurs en pleine ascension, consistent à faire briller les yeux de leur public, avec une émotion palpable.
L'intrigue raconte l'histoire de deux amis devenant amants, puis simplement des fragments de mémoire. En 1917, ils se rencontrent au Conservatoire de Musique de Boston. Leur amour pour la musique populaire les unit, mais la Grande Guerre entraîne leur première séparation.
En 1920, ils passent l'hiver à marcher dans les forêts du Maine, préservant les mélodies qu'ils découvrent. Leur but est de garder vivante la passion, comme une collection de souvenirs. Cependant, la séparation définitive les attend, l'un partant pour l'Europe, tandis que l'autre se perd.
Oliver Hermanus, le réalisateur, utilise des miroirs pour amplifier le récit. La musique devient un écho de leurs émotions, un reflet profond de leur amour. Mescal et O'Connor chantent ensemble, construisant un scénario d'amour qui transcende leur passion.
La narration se concentre sur les absences, les moments de perte, plutôt que sur la célébration de l'amour. C'est dans cette douleur silencieuse que le film trouve sa force. Cependant, des problèmes surgissent.
Le principal défi réside dans la difficulté de la narration à évoluer. Le drame est si minimal et l'expressivité si limitée qu'il en devient parfois ennuyeux. En évitant des éléments comme la sexualité, le film finit par tomber dans l'exagération du melodrame qu'il souhaitait éviter.
Cette immobilité excessive rend certaines scènes difficilement captivantes. Malgré tout, il est difficile de résister au charme de Paul Mescal et Josh O'Connor, surtout lorsqu'ils chantent avec des yeux pétillants.
En somme, The History of Sound propose une vision unique du melodrame. Malgré ses défauts, l'alchimie entre les acteurs et la profondeur de leurs performances laissent une impression durable. La lutte entre l'amour et la perte se déroule dans un cadre mélodramatique, mais c'est cette lutte qui rend l'œuvre captivante.