Port-Soudan, autrefois considéré comme un refuge sûr, fait face à une situation désastreuse après une semaine d'attaques aériennes. Les frappes des Forces de soutien rapide (FSR) ont provoqué une augmentation massive des prix de l'eau, rendant ce bien vital encore plus rare. Les résidents, comme Mutasim, un jeune de 26 ans, luttent pour survivre dans cette ville touchée par le conflit.
Après six jours de bombardements, Port-Soudan est privée de l'eau nécessaire pour les besoins quotidiens. Les explosions dans les dépôts de carburant ont interrompu l'approvisionnement en diesel, essentiel pour faire fonctionner les pompes. Mutasim a partagé que le coût de l'eau a quintuple, passant de 2 000 livres soudanaises à 10 000 livres, ce qui complique la vie de sa famille de huit personnes.
Cette situation a des répercussions sur la cuisine, le nettoyage et l'hygiène. "Bientôt, nous ne pourrons plus nous le permettre", a-t-il déclaré, soulignant sa lutte pour gagner de l'argent en vendant des produits de base sur le marché. Les défis ne s'arrêtent pas là, car les files d'attente aux stations-service se sont allongées, rendant l'accès à l'essence extrêmement difficile.
Malgré les attaques, la vie à Port-Soudan essaie de reprendre son cours. Les marchés et les magasins restent ouverts, mais les habitants vivent dans la peur. Mutasim a expliqué qu'il pourrait passer jusqu'à cinq heures à attendre pour faire le plein. Avant la récente escalade de violence, la ville offrait une certaine sécurité nocturne, permettant aux gens de sortir et de profiter de leur temps libre.
Mutasim et sa famille ont quitté Omdurman pour Port-Soudan il y a deux ans, cherchant un refuge. Cependant, la situation actuelle les pousse à envisager de nouveaux déplacements. "Nous pensions à déménager, mais c'est si cher et où aller ?", a-t-il exprimé, soulignant l'angoisse qui pèse sur les familles déplacées.
Hawa Mustafa, une enseignante de Darfour, se retrouve dans un abri pour personnes déplacées avec ses quatre enfants. Elle a déclaré que les récentes attaques ont ravivé sa peur et l'ont replongée dans un état de guerre. "Les sons des drones me rappellent les premiers jours de la guerre", a-t-elle partagé, soulignant l'impact psychologique du conflit.
Sans son mari, resté chez eux à cause de la situation sécuritaire, Hawa se sent seule et responsable de sa famille. Elle envisageait de fuir vers un pays voisin, mais cette option semble désormais hors de portée. "Je ne sais pas où aller si les choses empirent à Port-Soudan", a-t-elle ajouté, reflétant l'incertitude de nombreux habitants.
Depuis le début de la guerre civile en 2023, Port-Soudan est devenu un point névralgique pour l'aide humanitaire. Avec son port et son aéroport international fonctionnel, de nombreuses organisations, comme le Programme alimentaire mondial, dépendent de cette ville pour fournir de l'aide. "Port-Soudan est notre principal hub humanitaire", a déclaré Leni Kinzli, porte-parole du PAM.
Cependant, les récentes attaques suscitent des inquiétudes quant à la continuité de l'aide. "Cela va sérieusement restreindre la livraison de nourriture et de fournitures médicales", a averti Shashwat Saraf, directeur du Conseil norvégien pour les réfugiés. Les organisations cherchent d'autres routes, mais cela s'avère difficile.
Port-Soudan, autrefois un havre de paix, est maintenant plongé dans le chaos. Les pénuries d'eau, l'augmentation des prix et la peur omniprésente affectent la vie quotidienne des résidents. Alors que la situation humanitaire se détériore, l'avenir de la ville et de ses habitants reste incertain. Les défis sont nombreux, mais l'espoir d'une amélioration persiste.