Le retrait de Masahiro Nakai de l'industrie du divertissement japonais a suscité des questions cruciales sur les droits des femmes. Depuis des mois, l'industrie du divertissement au Japon est secouée par un scandale majeur. Ce dernier a mis en lumière la manière dont les cas d'agression sexuelle sont perçus dans le pays, où les victimes ont souvent été réduites au silence.
Nakai, ancien membre du groupe J-Pop SMAP, a été accusé d'agression sexuelle lors d'un dîner en 2023. Les révélations, d'abord publiées dans le magazine hebdomadaire Shukan Bunshun, ont marqué un tournant dans la perception des abus au Japon. Bien qu'il n'ait pas admis sa culpabilité, Nakai a présenté des excuses pour avoir "causé des problèmes".
Les conséquences pour Fuji TV ont été dévastatrices. La réputation de la chaîne est désormais en ruines, et plusieurs de ses dirigeants ont dû démissionner. Des entreprises de renom, telles que Nissan et Toyota, ont retiré leurs publicités, exacerbant la crise financière de la chaîne. Fuji TV a reconnu avoir permis à Nakai de continuer à animer des émissions malgré les accusations.
Keiko Kojima, ancienne présentatrice, a souligné que si cet incident avait eu lieu il y a dix ans, il n'aurait probablement pas suscité une telle réaction. Elle a déclaré que la violence sexuelle à l'encontre des femmes est l'un des secrets les mieux gardés du Japon, avec plus de 70 % des agressions non signalées.
La culture de silence autour des agressions sexuelles est profondément ancrée. Machiko Osawa, professeur émérite, a noté que les femmes sont souvent encouragées à se taire. "Il y a une attitude de 'Shoganai', ce qui signifie qu'il n'y a rien à faire", a-t-elle expliqué. Les femmes n'ont pas de mécanismes adéquats pour signaler ces incidents, ce qui renforce cette culture de l'impunité.
Kojima a ajouté que dans l'industrie des médias, de nombreuses femmes se sentent obligées de subir des harcèlements pour conserver leur emploi. Elle a partagé son expérience de commentaires inappropriés sur le corps des femmes, soulignant que l'adaptation à ces situations était souvent la seule voie vers une carrière réussie.
Le scandale a également galvanisé les militants des droits des femmes. Minori Kithara, cofondatrice du mouvement Flower Demo, a exprimé sa surprise face à la rapidité avec laquelle les sponsors ont réagi. "C'est un tournant pour le mouvement MeToo au Japon", a-t-elle déclaré, soulignant que la situation était en train de changer.
La réaction des entreprises et du gouvernement montre que la société commence à prendre conscience des abus. Cependant, Osawa a averti que des cas de haut niveau comme celui-ci pourraient établir des précédents nécessaires pour un changement durable.
Malgré les progrès, beaucoup estiment que le Japon n'avance pas assez rapidement. Les inégalités de pouvoir persistent dans une société dominée par les hommes. Kithara a exprimé son espoir, tout en reconnaissant la colère face à la persistance de la violence sexuelle. "Je rencontre de nouvelles survivantes chaque mois", a-t-elle déclaré.
Il est essentiel que la société continue à aborder ces questions pour ne pas reproduire les erreurs du passé. Les discours autour des droits des femmes doivent évoluer pour créer un environnement où les femmes se sentent en sécurité et écoutées.
Le retrait de Nakai et le scandale qui en a découlé représentent un moment charnière pour les droits des femmes au Japon. Bien que des progrès aient été réalisés, il reste encore beaucoup à faire pour briser le silence et garantir que toutes les voix soient entendues. L'engagement continu des militants et des citoyens est crucial pour transformer cette dynamique.