Aena a connu des déboires face aux législations et aux litiges avec les géants du duty free. Cependant, sa persévérance a conduit à une situation inattendue qui pourrait lui rapporter des centaines de millions d'euros. Cette situation est liée à la Disposition Finale Septième de la Loi de Régulation des Transports Terrestres de 2021, qui impose des compensations à Aena.
La DF7 oblige Aena, gestionnaire d'aéroport majoritairement public, à indemniser les magasins de duty free pour les pertes subies pendant la pandémie. Les lobbyistes de ce secteur ont su influencer les décisions, et la législation a été adoptée, même avec l'abstention du PSOE.
Cette disposition impose à Aena de réduire le loyer pour ces entreprises, en appliquant une Rente Minimale Annuelle Garantie jusqu'à ce que le trafic passager atteigne les niveaux de 2019. Cela signifie que les réductions ne s'étendent pas à des années ordinaires, mais à une année record.
Le trafic aérien a évolué mieux que prévu, avec une estimation récente de la DFT à environ 300 millions d'euros. Aena, cependant, ne veut pas accepter cette perte et a trouvé une stratégie pour contester les compensations. La décision du Tribunal Suprême du 19 février ouvre une nouvelle voie pour Aena.
Cette décision permettrait à Aena de recommencer les litiges et de réclamer des loyers non perçus. Bien que le Tribunal ait rejeté un recours d'Aena concernant Airfoods, il a souligné que le cas relève d'une autre juridiction, ce qui pourrait changer la donne pour Aena.
La situation actuelle pourrait permettre à Aena de redémarrer les litiges avec d'autres entreprises bénéficiant de la DF7. Les avocats d'Aena voient une opportunité de réévaluer tous les cas en cours. En attendant, ils peuvent demander aux locataires de régulariser leurs paiements, la décision du Tribunal ayant invalidé les procédures précédentes.
Aena espère que cette nouvelle voie pourrait aboutir à la conclusion que la DF7 est inconstitutionnelle en raison de son caractère expropriatoire. Ils affirment que leur conflit n'est pas avec les petits propriétaires, mais avec les grands acteurs du secteur.
Lucena, président d'Aena, a exprimé son indignation au Sénat en 2022, soulignant que des fonds d'investissement et des exécutifs bénéficient de cette situation au détriment des actionnaires d'Aena. Il a fait référence aux primes versées aux dirigeants de Dufry, liées à la DF7, ce qui soulève des questions éthiques.
La situation est paradoxale, car Aena, majoritairement public, se défend contre des attaques du secteur privé soutenues par une loi potentiellement illégale. Bien que la DF7 ait entraîné des pertes, Aena a généré des bénéfices records de 1,934 milliard d'euros en 2024.
La leçon à tirer de cette affaire est que l'État doit être plus vigilant dans ses décisions concernant Aena, une entreprise d'une valeur de 32 milliards d'euros. Alors que la situation actuelle est complexe, l'avenir d'Aena dépendra de la manière dont elle naviguera dans ces défis juridiques et réglementaires.