La guerre des bandes a mis le système pénitentiaire suédois sous une pression énorme. En réponse, le gouvernement tripartite, composé de modérés, de chrétiens-démocrates et de libéraux, a conclu un accord avec l'Estonie. Cet accord prévoit l'envoi de jusqu'à 600 prisonniers condamnés en Suède pour purger leurs peines dans une prison à Tartu, en Estonie.
La situation actuelle des prisons suédoises est préoccupante. La surpopulation et le manque de places ont été exacerbés par l'augmentation de la violence des gangs, dont les membres sont majoritairement d'origine étrangère. En 2023, les tribunaux suédois ont prononcé des peines de prison totalisant presque 200 000 mois, ce qui représente une augmentation de 25 % par rapport à l'année précédente.
Selon le plan, la Suède louera 400 cellules pour un maximum de 600 détenus. Avant le transport des prisonniers vers Tartu, l'accord doit être signé par les deux parties. Il doit également être approuvé par le Riksdagen, le Parlement suédois, avec une majorité des deux tiers.
Les prisonniers concernés seront des hommes de plus de 18 ans, tant suédois qu'étrangers, condamnés pour des crimes graves. Cependant, ceux ayant besoin de soins intensifs ou présentant un risque élevé pour la sécurité ne seront pas envoyés. De plus, la loi stipule que le cumplimiento doit commencer et se terminer dans un établissement suédois.
Sur le plan économique, la Suède paiera 8 500 euros par mois pour chaque place, contre 11 500 euros en Suède. Cela représente une économie de 3 000 euros par place, sans inclure les frais de transport. Le ministre suédois de la Justice, Gunnar Strömmer, a déclaré que cet accord allégera considérablement la pression sur le système pénitentiaire.
Le personnel de la prison sera composé d'environ 400 fonctionnaires estoniens parlant anglais. Les détenus auront également droit à des interprètes pour faciliter la communication. Bien que la législation estonienne s'applique, des règles spéciales seront mises en place pour que les conditions de détention ressemblent le plus possible à celles en Suède.
En parallèle, l'Estonie négocie un accord similaire avec les Pays-Bas, qui concernerait initialement 500 prisonniers. Actuellement, environ 2 000 personnes sont en liberté aux Pays-Bas alors qu'elles devraient être emprisonnées. Ce processus a été rapide, avec des discussions débutées en décembre 2023.
La Suède avance ainsi devant le Danemark, qui a également commencé à louer des places de prison à l'étranger. Le Danemark a prévu de louer 300 cellules au Kosovo, mais uniquement pour les étrangers condamnés à la déportation. Ce plan vise à résoudre le problème de la surpopulation et du manque de personnel dans les prisons.
Des organisations telles que l'Organisation Mondiale contre la Torture (OMCT) critiquent ces accords. Elles estiment qu'ils pourraient enfreindre les conventions internationales concernant les droits des personnes privées de liberté. Il existe également des préoccupations quant à la discrimination potentielle envers les prisonniers étrangers.
En conclusion, cet accord entre la Suède et l'Estonie représente une réponse pragmatique à une crise pénitentiaire croissante. Cependant, il soulève des questions éthiques et juridiques importantes qui nécessitent une attention continue.