Les statistiques concernant les suicides chez les victimes de violence domestique sont alarmantes. En Angleterre et au Pays de Galles, le nombre de personnes ayant mis fin à leurs jours a dépassé celui des homicides pour la deuxième année consécutive. Un rapport récemment publié par le Domestic Homicide Project révèle que 98 victimes se seraient suicidées après avoir subi des abus.
Au cours de la même période, seulement 80 personnes ont été tuées par un partenaire. Cette situation a conduit le National Police Chiefs' Council (NPCC) à déclarer que l’ampleur et l'impact de la violence domestique sont "incompréhensibles". L'organisation policière s'engage à poursuivre davantage de coupables d'abus pour homicide involontaire lorsque leurs victimes se suicident.
Les familles endeuillées et les associations de soutien aux victimes de violence domestique intensifient leurs appels à l'action. Elles demandent aux autorités d'agir sur le lien entre les abus et les suicides. Entre avril 2020 et mars 2024, 1 012 décès liés à la violence domestique ont été enregistrés, dont près de la moitié étaient des homicides, souvent commis par un partenaire actuel ou ancien.
Au cours de cette même période, 354 suicides de victimes ont été soupçonnés, avec environ trois quarts des victimes étant des femmes. Malgré ces chiffres préoccupants, les auteurs du rapport constatent que les suicides liés à la violence domestique ont surpassé les homicides pour deux années consécutives.
Julie Devey, présidente du groupe de campagne Killed Women, soutient une proposition visant à obliger la police à enquêter sur tout antécédent de violence domestique en cas de décès inattendu. Elle souligne que trop souvent, ces décès sont considérés comme des "tragédies inévitables", alors qu'ils sont en réalité préventables.
Devey insiste sur le fait que les victimes et leurs agresseurs sont souvent déjà connus des services publics avant un incident fatal. Cela souligne la nécessité d'un système qui relie les informations et intervient avant qu'il ne soit trop tard.
Plusieurs affaires médiatisées ont mis en lumière ce lien entre abus et suicides. Par exemple, l'année dernière, un tribunal a entendu comment des années de violence domestique de la part de Ryan Wellings ont conduit la coiffeuse Kiena Dawes, âgée de 23 ans, à mettre fin à ses jours. Bien que Wellings ait été acquitté d'homicide involontaire, il a été condamné à six ans et demi de prison pour des comportements abusifs.
En 2023, Marc Masterton a été condamné à 41 mois de prison pour des comportements coercitifs et contrôlants ayant conduit au décès de son ex-partenaire, Chloe Holland. La mère de Chloe, Sharon, a exprimé son mécontentement quant à la légèreté de la peine et a commencé à militer pour un changement des lois sur la violence domestique.
La montée des suicides parmi les victimes de violence domestique est un sujet qui nécessite une attention urgente. Les statistiques montrent que des actions concrètes sont indispensables pour prévenir ces tragédies. Il est crucial que les autorités prennent des mesures pour établir des systèmes de soutien et d'intervention efficaces afin de protéger les victimes et de mettre fin à ce cycle tragique.