La suspension de Gertrude Torkornoo, chef de la justice du Ghana, a suscité une vive controverse. Les députés de l'opposition accusent le président John Mahama de vouloir "remplir les tribunaux" de juges favorables à son parti, le NDC. Cette suspension, qui s'est produite mercredi, est un fait sans précédent dans l'histoire du pays.
Trois pétitions contenant des accusations contre Mme Torkornoo ont été déposées, mais leur contenu reste secret. Les réactions sont partagées, certains soutenant que cette décision est nécessaire pour assainir le système judiciaire. Cependant, l'opposition la qualifie de "coup d'État judiciaire" et d'abus de pouvoir flagrant.
Le président a justifié la suspension en indiquant qu'elle permettrait d'enquêter sur les accusations. Toutefois, des avocats ont déjà contesté la légalité de cette procédure. Selon la loi, le président aurait dû fournir les copies des pétitions à la chef de la justice avant de la suspendre.
Des avocats ont déposé au moins deux recours juridiques pour contester cette action. L'opposition affirme que Mahama a violé le processus légal en suspendant Torkornoo avant que la Cour suprême ne statue sur ces affaires.
Certaines voix, comme celle de Dr Tony Aidoo, ancien ambassadeur du Ghana, soutiennent le président. Il a déclaré qu'il est essentiel de "protéger la justice" du comportement de Mme Torkornoo. Pour lui, il est nécessaire d'apporter un "air frais" dans le système judiciaire.
Cependant, d'autres Ghanéens critiquent la Cour suprême sous Torkornoo, l'accusant de favoriser l'ancien président Nana Akufo-Addo sur des affaires politiques importantes. Par exemple, l'année dernière, la Cour a jugé inconstitutionnelle la décision du président de déclarer vacants les sièges de quatre députés.
Le Ghana a connu 15 chefs de la justice, tous ayant pris leur retraite sans suspension. La législation ne permet la destitution d'un chef de la justice que pour des raisons spécifiques, telles que l'incompétence ou le comportement inapproprié.
Gertrude Torkornoo est la troisième femme à occuper ce poste et a été nommée par Akufo-Addo en 2023. Elle avait déjà survécu à une demande de destitution plus tôt cette année, lorsque le président a signalé des "défauts" dans la pétition visant à la renvoyer.
La suspension de Gertrude Torkornoo soulève des questions cruciales sur l'indépendance de la justice au Ghana. Alors que le pays traverse cette crise, l'impact de cette décision sur le système judiciaire et sur la politique ghanéenne reste à observer. La mise en place d'un comité d'enquête pour examiner les allégations contre elle pourrait être un tournant dans cette affaire complexe.