Rima, une résidente de Suweida, décrit des scènes barbares qu'elle a vécues ces derniers jours. Cette femme druze de 45 ans a toujours considéré sa ville comme paisible. Cependant, elle n'aurait jamais imaginé que son hometown devienne le théâtre d'un massacre. "Il y avait des corps partout devant notre immeuble", a-t-elle confié au BBC, utilisant un pseudonyme par crainte pour sa sécurité.
Elle se cachait chez elle, attendant l'imaginable, alors que des tireurs - forces gouvernementales et combattants étrangers - fouillaient son quartier. "Attendre que des gens entrent chez vous pour décider si vous vivez ou mourez est l'une des pires sensations", a-t-elle ajouté, sa voix tremblante de peur. La violence a laissé Rima et ses voisins se sentir abandonnés dans leurs propres maisons.
Les tensions entre les Druzes et les Bédouins à Suweida ont éclaté en clashes sectaires meurtriers. Cela a commencé suite à l'enlèvement d'un marchand druze sur l'autoroute menant à Damas. Alors que les combats s'intensifiaient, le gouvernement du président intérimaire Ahmed al-Sharaa a annoncé le déploiement des forces de sécurité pour restaurer la stabilité.
Depuis la chute d'Assad, certains leaders druzes ont rejeté la présence des forces de sécurité à Suweida. Lorsque ces forces ont été déployées, la violence a escaladé. Les forces gouvernementales ont été accusées d'attaquer à la fois des combattants druzes et des civils, ce qui a conduit à des frappes aériennes israéliennes.
Nayef, un homme druze, a également été témoin de scènes horrifiques. "Nous ramassons des corps dans les rues", a-t-il déclaré. Malgré son emploi au gouvernement, il est choqué par la brutalité des forces de sécurité dans la ville. "Ils ont attaqué des quartiers, pillé des maisons et tiré sur des civils non armés", a-t-il ajouté.
Des vidéos sur les réseaux sociaux semblent corroborer les allégations de Nayef. Des images montrent des hommes en camouflage tirant sur des résidents. Le bureau des droits de l'homme de l'ONU a documenté des exécutions sommaires, laissant les habitants de Suweida dans l'incertitude.
Dans une adresse télévisée, Sharaa a promis de tenir les responsables pour compte et de protéger les Druzes. "Nous sommes désireux de tenir responsables ceux qui ont abusé de notre peuple", a-t-il déclaré. Cependant, cette promesse a été accueillie avec scepticisme par de nombreux habitants qui doutent de l'authenticité des intentions du gouvernement.
Les promesses de protection évoquent des souvenirs d'autres violences sectaires, où des enquêtes n'ont pas abouti. "Il y a un manque total de confiance envers le gouvernement", a souligné Nayef, indiquant que les promesses ne sont que des paroles vides.
La situation à Suweida est tragique et complexe. Les résidents, comme Rima et Nayef, vivent dans la peur et l'incertitude. Les effets de cette violence sectaire pourraient avoir des conséquences durables sur la communauté druze. "Sans les bombardements israéliens, nous ne pourrions pas parler aujourd'hui", a déclaré une femme, soulignant la gravité de la situation.
Les habitants de Suweida espèrent un retour à la paix, mais restent préoccupés par les promesses non tenues du gouvernement et la menace persistante de la violence.