
Une Française a été condamnée à huit ans d’emprisonnement par la Cour d’assises spéciale de Paris. Cette décision a été prise en raison de son engagement avec le groupe État islamique (EI) en Syrie, remontant à 2014, avant son rapatriement en 2022. Les détails de son procès ont mis en lumière son parcours complexe.
Lucie C. fait partie des premières rapatriées en avion militaire le 5 juillet 2022, après avoir passé plus de trois ans dans des camps en Syrie. Deux de ses enfants, nés en France, avaient été rapatriés avant elle, début 2021. Son enfance, bien que sans difficultés matérielles, a été marquée par une soumission à son père, ce qui l'a poussée à fuir dès qu'elle a atteint l'âge adulte.
Elle a rencontré un Franco-turc à l'âge de 16 ans, ce qui a déclenché une spirale d'événements. Son cercle d’amis, influencé par des vidéos d'exactions, a rapidement sombré dans la radicalité. Malgré leur intérêt pour l'islam, leur compréhension reste limitée. Son frère et son conjoint, particulièrement fanatisés, ont contribué à son engagement croissant.
Lorsque Lucie quitte la France pour la Syrie en septembre 2014, le califat du groupe EI vient d’être proclamé. Sur place, elle se sent « à sa place » et vit dans de vastes appartements, profitant du statut de son conjoint. Ce dernier a occupé des fonctions clés dans l'appareil sécuritaire de Daech, surveillant la manière dont le groupe est perçu en France.
Lucie C. décrit son expérience en ces termes : « Les premières années, je suis endoctrinée, radicalisée, fortement ». Son témoignage montre l'intensité de son engagement, malgré les conséquences tragiques qui suivront.
En 2017, lorsque Raqqa est encerclée, Lucie écrit à son père, affirmant n’« être prisonnière de personne ». Elle se déclare prête à mourir « la tête haute ». Cependant, elle est finalement expulsée de la ville dans des conditions difficiles, survivant dans des abris précaires jusqu'à sa reddition en février 2019.
Le parcours de Lucie C. illustre la complexité des trajectoires de ceux qui rejoignent des groupes extrémistes. Sa condamnation à huit ans de prison, bien que moins sévère que les 12 ans requis par l'accusation, inclut des obligations de soins et un suivi sociojudiciaire de cinq ans.
La condamnation de Lucie C. soulève des questions sur la radicalisation et le retour des combattants de l'EI en France. Son histoire est un rappel des défis auxquels la société est confrontée face à l'extrémisme. Les mesures prises par la justice visent à réintégrer ces individus tout en assurant la sécurité publique.