La situation en Syrie a récemment basculé dans une violence inédite, marquant la fin d'une période de calme relatif de sept mois. Ce qui a commencé par des escarmouches locales s'est transformé en des combats parmi les plus violents depuis la chute de l'ancien président Bashar al-Assad en décembre dernier. Les experts s'accordent à dire que cette escalade laisse la région profondément déstabilisée.
Les récents affrontements ont éclaté à Suwayda, une province du sud de la Syrie, où les forces gouvernementales n'avaient pas été présentes depuis l'année dernière. Cette région est dominée par la secte Druze, qui coexiste avec une importante population de Bedouins, un groupe ethnique arabe sunnite. Les tensions entre ces deux groupes n'ont jamais été aussi élevées, culminant après l'enlèvement d'un marchand druze le 11 juillet.
Les combats se sont intensifiés, entraînant l'intervention des forces gouvernementales syriennes le 14 juillet. Cela a conduit à des embuscades et à des pertes parmi les troupes gouvernementales, exacerbant davantage la situation. Selon Charles Lister, directeur du programme Syrie au Middle East Institute, l'escalade a été alimentée par un cycle de kidnappings et de représailles difficile à contrôler.
Alors que les combats faisaient rage, les forces gouvernementales syriennes ont avancé dans la ville de Suwayda, révélant les divisions au sein des milices qui composent l'armée syrienne actuelle. Certaines milices sont plus professionnelles, tandis que d'autres sont sectaires et extrémistes, comme l'a démontré la violence contre les Druzes. Une résidente a rapporté : "Nous avons appris que certains de nos proches avaient été exécutés chez eux."
Des rapports d'atrocités ont inondé les réseaux sociaux, notamment des témoignages de médecins affirmant que des soldats gouvernementaux avaient tué de nombreux patients à l'hôpital principal de la ville. Cette situation a attiré l'attention d'Israël, qui a averti le gouvernement syrien qu'il interviendrait en cas de déploiement de forces dans le sud.
Israël est intervenu le 15 juillet avec des frappes aériennes sur les forces syriennes, ciblant des tanks et tuant des soldats. Cette escalade a été perçue comme un défi à l'autorité de l'État syrien, permettant à Israël de maintenir son influence en Syrie. Les Druzes en Israël ont également appelé leur gouvernement à agir en faveur de leurs compatriotes en Syrie, ajoutant une dimension politique à cette intervention.
Suite aux frappes aériennes, le gouvernement syrien a été contraint de retirer ses forces de Suwayda, permettant aux milices druza de prendre leur revanche sur les Bedouins. Cela a entraîné une nouvelle vague de violence, exacerbant la situation humanitaire dans la région.
Les milices druza, après avoir repris le contrôle, ont été accusées de violences contre les civils bedouins. Un homme bedouin a déclaré : "Les milices druza ont brûlé des maisons et tué des civils." Les combats ont causé le déplacement de près de 150 000 personnes, selon des chiffres de l'ONU.
Un cessez-le-feu a été négocié le 20 juillet, mettant fin aux affrontements avec le retrait des forces bedouines et gouvernementales. Cependant, la situation reste fragile, et les tensions persistent entre les différents groupes.
Les répercussions de cette violence sectaire et du rôle d'Israël soulèvent des questions sur l'avenir de la Syrie. Charles Lister souligne que l'intervention israélienne a créé une mentalité de zéro-sum parmi les belligérants. Les Druzes voient désormais la lutte comme existentielle, renforçant la position de figures comme Hikmet al-Hijri, qui est devenu un héros national parmi eux.
Pour beaucoup de Druzes, accepter toute offre de la part de Damas semble désormais impossible. Une femme druza a déclaré : "Après ce qui s'est passé, nous ne nous sentons pas en sécurité." La situation actuelle à Suwayda, marquée par l'absence de contrôle gouvernemental, semble donc appelée à perdurer sans des négociations approfondies.
La violence récente à Suwayda illustre les défis complexes auxquels la Syrie est confrontée après des années de guerre. La dynamique entre les Druzes, les Bedouins et l'intervention israélienne crée un paysage incertain. Sans efforts significatifs pour établir un dialogue, la région risque de replonger dans le chaos.