Le Congrès salvadorien a approuvé mardi la Loi sur les Agents Étrangers, imposant un impôt de 30% sur les dons reçus par les organisations civiles. Cette mesure, soutenue par le président Nayib Bukele, est critiquée comme étant une outil de contrôle et de censure, typique des gouvernements autoritaires. La loi a été adoptée avec une dispense de procédures, avec le soutien de 57 des 60 députés, tous du parti au pouvoir Nuevas Ideas et de leurs alliés.
La Loi sur les Agents Étrangers s'applique à toute personne, qu'elle soit physique ou morale, nationale ou étrangère, qui réalise des activités au Salvador financées par un mandant étranger. Les entités recevant des fonds étrangers devront s'inscrire dans un délai de 90 jours au Registre des Agents Étrangers (RAEX), géré par le Ministère de la Gouvernance, pour pouvoir recevoir des dons ou mener des activités dans le pays.
Un article de la loi permet aux personnes concernées de demander une exemption de son application, sous réserve d'une évaluation par le RAEX. Cette évaluation prendra en compte divers critères, tels que la nature du projet et l'entité qui génère les ressources.
Durant le débat, la vice-présidente du Congrès, Suecy Callejas, a affirmé que la loi favorise la transparence concernant le financement des organisations au Salvador. Cependant, la députée Claudia Ortiz, du parti conservateur VAMOS, a déclaré que cette loi est incompatible avec la démocratie et les droits fondamentaux, notamment la liberté d'expression et d'association.
Ortiz a souligné que cette loi est une mesure de contrôle qui pourrait être utilisée contre des organisations dénonçant la corruption du gouvernement. Elle a averti que cette décision pourrait restreindre des droits constitutionnels essentiels.
Eduardo Escobar, directeur exécutif de l'ONG Acción Ciudadana, a déclaré que cette loi fait partie d'une escalade répressive du gouvernement salvadorien. Il a souligné que cela affecte les droits d'organisation et de liberté d'expression, parmi d'autres droits fondamentaux.
En 2021, Bukele avait proposé une loi similaire qui avait échoué face aux critiques internationales. Amnistie Internationale et d'autres organisations de défense des droits humains accusent le gouvernement salvadorien d'approfondir son patron autoritaire en réponse aux conflits sociaux récents.
Avec cette loi, le gouvernement semble vouloir silencer les organisations de la société civile qui dénoncent les abus. Cela affecte également les individus qui bénéficient de leur assistance. L'accès à des ressources financières sans restrictions est un droit humain reconnu au niveau international, selon Ana Piquer, directrice d'Amnistie Internationale pour les Amériques.
La Loi sur les Agents Étrangers au Salvador soulève des préoccupations majeures concernant la liberté d'association et les droits fondamentaux. Les critiques affirment qu'elle représente un pas vers un contrôle accru du gouvernement sur les organisations civiles. Les implications de cette loi pourraient avoir des conséquences durables sur la société salvadorienne.