Interdiction de fumer : Pourquoi les terrasses demeurent-elles un angle mort de la politique anti-tabac ?

Interdiction du tabac à partir du 1er juillet

À partir du 1er juillet, le tabac sera interdit dans plusieurs lieux publics, notamment les plages, parcs, jardins, abords des écoles, abris de bus et équipements sportifs. Cette mesure vise à protéger la santé des non-fumeurs et à réduire l'exposition à la fumée de tabac.

Cette décision a suscité des inquiétudes parmi les fumeurs, qui craignent de ne plus pouvoir profiter d'une cigarette en terrasse. La ministre de la Santé, Catherine Vautrin, a expliqué que l'accent est mis sur les lieux fréquentés par les enfants, soulignant l'importance de la prévention.

Soutien de l'opinion publique

Une étude menée par YouGov pour Le HuffPost révèle que 68 % des Français soutiennent l'interdiction de fumer sur les terrasses des bars et restaurants. Les associations anti-tabac, qui militent depuis longtemps pour cette mesure, se réjouissent de ce soutien croissant.

Alexandre Markovic, directeur exécutif de l'association Demain sera non-fumeur, souligne que le tabagisme passif reste dangereux même à l'extérieur. Il met en avant les risques liés à la concentration de fumeurs en terrasse, où les non-fumeurs sont exposés à la fumée de tabac.

Les dangers du tabagisme passif

Le tabagisme passif se divise en deux catégories : le passif secondaire, qui est l'exposition à la fumée expirée, et le passif tertiaire, où des particules s'accumulent sur les vêtements et le mobilier. Cela crée un environnement sanitaire préoccupant pour les non-fumeurs, en particulier dans les établissements mal régulés.

Le professeur Loïc Josseran, président de l'ACT-Alliance contre le tabac, compare certaines terrasses à des aquariums, où les fumeurs sont regroupés, rendant l'espace insalubre pour les non-fumeurs. Cette situation est accentuée en hiver, lorsque les terrasses couvertes ne respectent pas la réglementation.

Appel à dénormaliser le tabac

Markovic appelle à un changement de perspective, suggérant que l'on se concentre sur les trois quarts de la population qui ne fument pas. Il insiste sur le fait que les terrasses devraient être des lieux agréables pour tous, sans fumée de tabac.

Loïc Josseran soutient que l'interdiction de fumer en terrasse pourrait également aider ceux qui tentent d'arrêter. Il plaide pour dénormaliser le tabac, en le retirant de l'espace public et en cessant de l'associer à des moments de plaisir.

Réactions des professionnels de la restauration

Les professionnels de la restauration expriment des craintes face à cette nouvelle réglementation. Baptiste, manager d'une brasserie, craint une perte de clientèle, semblable à celle observée lors de l'interdiction des chauffages extérieurs en 2022.

Franck Delvau, président de l'Umih, estime que cette mesure ne fera que déplacer le problème, car les fumeurs se déplaceront à proximité des terrasses. Il s'interroge sur les prochaines étapes de cette réglementation.

Conclusion

La question de l'interdiction du tabac dans les lieux publics soulève de nombreux débats. Si la santé publique est en jeu, les implications pour les fumeurs et les professionnels de la restauration doivent également être prises en compte. Cette mesure pourrait marquer un tournant dans la lutte contre le tabagisme en France.