Un TikToker indonésien a été condamné à près de trois ans de prison après avoir prétendument "parlé" à une image de Jésus sur son téléphone. Ratu Thalisa, une femme transgenre musulmane avec plus de 442 000 abonnés sur TikTok, a été jugée coupable de propagation de la haine par un tribunal à Medan, Sumatra.
Cette condamnation survient après qu'elle ait répondu à un commentaire pendant un live, où on lui suggérait de couper ses cheveux pour ressembler davantage à un homme. Le tribunal a estimé que ses propos pouvaient perturber l'ordre public et l'harmonie religieuse.
Des groupes de défense des droits humains, dont Amnesty International, ont condamné cette décision. Ils qualifient la sentence de "choc" pour la liberté d'expression de Ratu Thalisa. Usman Hamid, directeur exécutif d'Amnesty International Indonésie, a déclaré que les autorités ne devraient pas utiliser la loi sur l'information électronique pour punir les commentaires sur les réseaux sociaux.
Hamid a ajouté que, bien que l'Indonésie doive interdire l'incitation à la haine religieuse, les propos de Thalisa ne franchissent pas ce seuil. Il a demandé l'annulation de sa condamnation et sa libération immédiate.
La loi sur l'information électronique (EIT), introduite en 2008 et amendée en 2016, vise à protéger les droits des individus dans l'espace en ligne. Cependant, elle a été largement critiquée pour son potentiel à menacer la liberté d'expression.
Entre 2019 et 2024, au moins 560 personnes ont été accusées de violations de cette loi, dont 421 ont été condamnées. Les infractions incluent la diffamation et les discours de haine, touchant souvent des influenceurs des réseaux sociaux.
Des cas de blasphème ont été rapportés, notamment celui d'une femme musulmane condamnée à deux ans de prison pour avoir publié une vidéo TikTok virale. Dans cette vidéo, elle prononçait une phrase islamique avant de manger du porc.
En 2024, un autre TikToker a été arrêté pour blasphème après avoir publié un quiz demandant aux enfants quels animaux pouvaient lire le Coran. Ces incidents soulignent les tensions religieuses en Indonésie, où la majorité de la population est musulmane.
La condamnation de Ratu Thalisa soulève des préoccupations majeures concernant la liberté d'expression en Indonésie. Les lois en place semblent être utilisées pour réprimer des voix qui ne correspondent pas aux normes sociétales. Les appels à la réforme de la loi EIT se multiplient, alors que le pays continue de naviguer dans un paysage religieux complexe.