Un homme d'affaires de Toronto, Anchuan Jiang, est toujours autorisé à employer du personnel, malgré une dette de plus d'un million de dollars en salaires impayés et amendes. Les avocats spécialisés en droit du travail affirment que la province doit adopter de nouveaux outils d'application pour empêcher des entreprises comme la sienne de fonctionner tant que les travailleurs ne sont pas payés.
Anchuan Jiang a été condamné pour avoir omis de se conformer aux ordres du Ministère du Travail concernant le paiement des salaires dans deux affaires distinctes. Il n'a pas réglé plus de 732 000 $ en amendes résultant de ces condamnations. En mai, le ministère a annoncé que Jiang et son école privée avaient été condamnés à une amende de 410 000 $ pour non-respect des ordres de paiement des salaires.
En mars, Jiang et son entreprise, Ontario International College, ont été reconnus coupables de ne pas avoir payé près de 185 000 $ en salaires dus à 14 employés. En plus des amendes, une surcharge de 25 % a été ajoutée. Ces montants devaient être réglés avant le 12 mai, mais Jiang n'a pas payé un centime.
Ce n'est pas la première fois que Jiang fait face à des accusations similaires. Il a été condamné il y a quatre ans pour ne pas avoir payé plus de 320 000 $ en salaires. Les amendes précédentes, totalisant 141 610 $, restent également impayées. Une enquête de CBC Toronto a révélé que Jiang devait encore jusqu'à 952 000 $ en salaires, malgré les efforts d'application de la province.
Les avocats spécialisés en droit du travail soulignent que le cas de Jiang démontre les limites du système d'application de l'Ontario concernant le vol de salaires. Ella Bedard, avocate au Workers' Action Centre, affirme qu'il est crucial d'imposer des conséquences aux employeurs qui ne paient pas, au-delà des amendes.
Le Ministère des Finances s'occupe des recouvrements des ordres de paiement de salaires non réglés. Selon un porte-parole, le ministère ne peut pas discuter des cas spécifiques. Toutefois, des documents publics révèlent que Jiang a 13 actes d'exécution actifs, totalisant plus de 952 000 $ en dettes.
Bien que des mesures aient été prises pour récupérer ces montants, les efforts se sont révélés insuffisants. En 2024, près de 60 millions de dollars en salaires impayés restaient dus à des travailleurs en Ontario, ce qui témoigne de l'inefficacité du système actuel.
Des avocats, comme Joanna Mullen, plaident pour des réformes dans le système d'application des normes d'emploi. Elle propose des modifications législatives permettant au ministère d'interdire aux employeurs de continuer à opérer s'ils ne paient pas leurs employés. Cela pourrait inclure la retrait de licences commerciales.
Bedard souligne que des mécanismes d'application similaires existent pour la santé et la sécurité au travail. Elle s'interroge sur la raison pour laquelle de telles mesures ne sont pas appliquées dans des cas aussi graves que celui de Jiang.
Le cas d'Anchuan Jiang met en lumière des lacunes dans le système d'application des normes d'emploi en Ontario. Les avocats et les défenseurs des travailleurs appellent à des réformes urgentes pour protéger les employés et garantir qu'ils reçoivent leurs salaires. Tant que des mesures adéquates ne seront pas mises en place, des travailleurs continueront à être victimes de vol de salaires.